Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu de France, a clôturé la Visite canonique ce 5 avril au Centre médico-social Lecourbe de la Fondation Saint Jean de Dieu. Celle-ci intervenait après deux mois de visite des communautés et établissements de France et de l’Océan indien.
Les directeurs des établissements et des représentants des communautés se sont retrouvés à Paris pour une journée d’action de grâce et de réflexion autour de « l’Hospitalité, dans un monde en mutation ». Plus de cent personnes réunies au total, incluant des résidents du Centre Lecourbe.
Pour une hospitalité inconditionnelle
« Et si nous faisions de l’hospitalité le socle même sur lequel nous pourrions nous reposer, nous assurer que nous sommes bien là, présents au monde même s’il bouge en tous sens ? », s’est interrogée Laurence Drake, administratrice de la Fondation Saint Jean de Dieu, ouvrant une matinée d’interventions très riches sur la thématique de « L’hospitalité, dans un monde qui change ». « Et si c’était l’hospitalité qui était notre élément intangible ? Et en allant un peu plus loin, si c’était l’inconditionnalité de l’hospitalité qui devenait le moteur de nos actions, sociales, politiques, familiales, spirituelles… ? »
Laurence Drake a animé la réflexion avec des interventions du Frère Bruno Cadoré, ancien grand Maître des Dominicains, de Gabrielle Halpern, philosophe, et de Clarisse Ménager, directrice générale de la Fondation Anne de Gaulle.
Osons sortir de notre confort
« A l’approche du Chapitre général, nous sommes invités à approfondir le sens de notre engagement, a souligné Frère Pascal Ahodegnon, Conseiller général de l’Ordre hospitalier. Il nous faut pour cela cultiver une écoute attentive et un cœur ouvert, prêts à accueillir les nouveaux défis, quitte à bousculer nos habitudes. Osons sortir de nos communautés et de nos bureaux pour aller à la rencontre de ceux qui ont besoin de nous ! Osons sortir de notre confort pour retrouver une vie simple, disponible à l’autre ! Osons nous recentrer sur l’Essentiel pour rayonner de l’amour du Christ qui nous pousse à aller vers les plus pauvres. C’est ainsi que nous trouverons la joie de l’hospitalité et que nous pourrons attirer de nouvelles vocations de Frères et de collaborateurs, prêts à servir le bien commun. »
« Nous avons beau développer les technologies les plus sophistiquées, il demeure une question essentielle, fondamentale, intangible : celle de la relation à l’Autre. Celle de la juste relation à l’Autre. Et c’est bien tout le sens de la philosophie de l’hybridation que je forge jour après jour : comment penser une nouvelle éthique de la relation à l’Autre ?
Si, selon les mots de Martin Buber, « l’homme devient je au contact du tu », comment renforcer parmi nos contemporains, et pour les générations à venir, le goût de l’altérité ? Quelle hospitalité sommes-nous prêts à offrir à l’Autre et comment nous préparons-nous à être accueillis?
Il nous faut repenser l’hospitalité comme une métamorphose réciproque impliquant un apprentissage de la part de l’hôte… et de l’hôte.
C’est parce que l’enfant, tout petit, voit ses parents accueillir leurs hôtes, prendre du temps pour eux, leur offrir le meilleur et les honorer – par une série de rituels, de symboles, de conventions sociales qui ont tout simplement codifié l’altruisme, et plus précisément la sollicitude -, que l’enfant, plus tard, saura accueillir ses propres hôtes. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas inviter, qui ne savent ni recevoir ni accueillir et l’on oublie que l’hospitalité nécessite un apprentissage. Et de la même manière qu’accueillir s’apprend, être accueilli s’apprend aussi pour qu’il y ait justement cette métamorphosée réciproque »…
Très honorée d’avoir tenu un enseignement ce matin sur le thème de l’hospitalité lors de la visite canonique provinciale de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu à Paris.
Gabrielle Halpern