“Ouvrons grand les jeux” : tel est le slogan des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. “C’est une invitation lancée au monde entier à venir vivre des émotions nouvelles, ensemble… C’est aussi un pouvoir. Le pouvoir d’ouvrir nos cœurs et nos esprits, pour ne plus voir les différences comme des obstacles”, disait Tony Estanguet, président des JO 2024, en expliquant ce slogan.

Je suis touché par ce propos qui définit exactement notre hospitalité ! L’hospitalité qui est notre identité, le fondement de notre mission et de nos valeurs que nous vivons et partageons avec nos collaborateurs.

D’abord parce qu’au travers du soin du corps, nous croyons à Saint Jean de Dieu que nous pouvons toucher les âmes. Eh oui ! C’est notre devise et notre spiritualité ! Par le soin du corps, on atteint l’âme et c’est le Christ lui-même qui nous a montré ce chemin. Si la version habituelle est “Par les corps, aux âmes”, permettez-moi de rajouter, comme un trait d’union entre les deux, celui de “forger l’esprit”. Les sportifs de haut niveau savent à quel point “l’état d’esprit” est aussi important que la préparation du corps pour atteindre la réussite. C’est ce fameux fair-play qui invite au respect à la fois des règles et de l’adversaire.

Dans le domaine de la compétition, il est également nécessaire d’anticiper nos capacités physiques par un travail d’excellence, par une préparation de qualité.

“Mieux vaut prévenir que guérir”

Dans le domaine de la santé et de l’éducation, nous savons tous très bien que ‘mieux vaut prévenir que guérir’. L’hospitalité selon saint Jean de Dieu ne se focalise pas seulement sur le soin du malade mais aussi sur la prévention de la maladie. Le sport, qui est un soin du corps par excellence, est un moyen pour y parvenir, grâce à ses effets bénéfiques tant sur le plan physique que mental, social et familial. Et c’est la responsabilité partagée de tout le monde de prévenir la maladie, car un esprit sain se trouve dans un corps sain.

Le sport est enfin le moyen de prendre soin de soi avant de s’occuper des autres. “Frères, faites-vous du bien en faisant du bien aux autres”, disait notre fondateur. Il s’agit de prendre le temps de s’arrêter, de faire un point sur le sens donné à notre travail, à nos engagements, à notre vie. C’est ce temps qui nous permettra d’être d’autant plus efficaces dans le sens où nous laisserons une part à l’inattendu, aux rencontres, aux nouveaux défis. Ce temps qui nous rendra plus disponible pour faire le bien aux autres.

Frère Jean-Guillaume

À bientôt 90 ans, Frère Flavien n’est pas du genre à s’arroger du repos. Ce frère hospitalier, au caractère aussi trempé que son accent révélant ses origines alsaciennes, continue d’être bien actif. Passionné d’histoire, il se rend chaque jour au service des Archives de la province de France pour seconder Marie Rablat, l’archiviste provinciale, et dépouiller des pages d’histoires encore méconnues de l’Ordre hospitalier en France.

Retiré dans la communauté de Paris, Frère Flavien est par ailleurs une présence importante pour les jeunes frères malgaches en formation à la capitale. Le surnom qu’ils lui ont donné montre bien l’importance de cette présence intergénérationnelle : « Dadabé » (« Grand-père », en malgache). Il n’est d’ailleurs pas rare de le croiser le soir jouant au scrabble avec l’un d’entre eux.

En mai dernier, il a fêté ses 70 ans de profession religieuse au sein de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu. Frère Flavien Ruthmann, bien connu notamment au Centre hospitalier Dinan/Saint-Brieuc où il a exercé l’une de ses dernières responsabilités en tant que directeur, président et prieur, a eu une vie bien remplie au service de Dieu, des malades, de ses frères et des établissements de l’Ordre.

« Vous avez la vie devant vous »

Frère Flavien se préoccupe souvent de la situation de ses jeunes frères. « Vous avez la vie devant vous, » a-t-il rappelé lors de son jubilé. « Vous êtes entrés pour vous consacrer à Dieu, aux pauvres et aux malades, un programme vaste et sans limites ! Continuez votre formation spirituelle et professionnelle pour que vous vous sentiez bien à votre place, dans votre vocation de service. »

Pour sa part, Flavien Ruthmann a rencontré les frères pour la première fois en mai 1947, alors qu’il cueillait du muguet dans la forêt de Guewenheim avec ses trois frères et ses parents, en même temps que Frère Aurélien et les juvénistes en sortie. Il entre au juvénat – une école pour les enfants se posant la question de la vocation – dans la foulée, à l’âge de 12 ans, et poursuit sa formation jusqu’au 30 mai 1954, date de ses premiers vœux, il y a tout juste 70 ans. « Cela ne fut pas toujours un long fleuve tranquille, » reconnaît aujourd’hui Frère Flavien. « Mais on s’est engagé pour Dieu et les nécessiteux. J’ai eu beau piquer des coups de gueule, j’ai toujours fini par obéir à ce que me demandaient mes supérieurs, même si je n’étais pas d’accord », avoue-t-il en repensant à ses différentes affectations, acceptées sans regret, sauf celui de n’en avoir pas fait assez.

« Sans vie de communauté, il est difficile de tenir »

Connu pour sa franchise, Frère Flavien n’a jamais hésité à exprimer ce qu’il pensait, parfois de manière abrupte, mais toujours avec sincérité. Prieur de nombreuses communautés, il a également assumé la charge de directeur puis de président d’associations qui géraient alors localement les établissements Saint Jean de Dieu. Il a particulièrement connu la délicate période du passage de témoin aux laïcs. « Durant ma vie, j’ai beaucoup collaboré avec les laïcs, aussi bien dans les soins que dans les responsabilités. J’ai beaucoup appris à leur côté et je les en remercie. J’espère ne pas les avoir fait trop souffrir ! »

Quant à la vie communautaire, Frère Flavien reconnaît qu’elle a été indispensable pour lui. « Sans vie de communauté, il est difficile de tenir. »

Frère Flavien est intarissable lorsqu’il s’agit de l’histoire de l’Ordre et particulièrement des frères de France. Il évoque facilement et avec passion saint Jean de Dieu : « La vie de notre fondateur, je la redécouvre tous les jours ! » dit-il, un large sourire illuminant son visage. Quant à l’histoire de la province, il la connaît d’autant mieux qu’il est passé dans la plupart des établissements et communautés, dont certaines ont aujourd’hui fermé.

Pour Frère Flavien, la foi a toujours été un pilier essentiel dans sa vie religieuse, surtout dans les moments plus difficiles. « On est comme tout le monde, il y a eu des moments où j’ai eu envie de partir. Mais on sait qu’on peut compter sur Dieu, et c’est suffisant. »

« Je crois en l’avenir de l’Ordre »

Son expérience avec les collaborateurs laïcs a été enrichissante. « Cette ouverture progressive aux laïcs, bien que compliquée au début, a été un apprentissage et une belle ouverture pour nous les Frères ! » Aujourd’hui, il regarde l’avenir de l’Ordre avec espérance, malgré la diminution des vocations en Europe.

« Je ne sais pas ce que le bon Dieu veut pour nous, mais je crois en l’avenir de l’Ordre, surtout en voyant ce qui se passe en Afrique où les besoins sont immenses, » confiait-il en 2014 à l’occasion de ses 50 ans de vie religieuse. « Nous devons enseigner aux jeunes l’amour de l’Ordre, des malades et de l’Église, en évitant de courir partout et, peut-être aussi, en nous recentrant sur l’essentiel de notre mission, pourquoi pas en réinventant de nouvelles manières de pratiquer l’Hospitalité. »

Bon anniversaire, Frère Flavien !

Nous sommes heureux de vous annoncer la sortie du nouveau numéro du Lien Hospitalier ! Ce numéro est particulièrement inspiré par l’esprit des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mettant en lumière le sport comme vecteur de fraternité et de soin holistique.

Dans son éditorial, Frère Jean-Guillaume souligne l’importance du sport dans notre démarche d’hospitalité et de soin, rappelant que « le sport est un soin du corps et de l’âme par excellence. » Il nous invite à approfondir notre pratique de l’hospitalité, en prenant exemple sur les valeurs olympiques de persévérance, de don de soi et d’accueil de l’autre.

Le dossier principal, consacré à cette thématique du sport à la lumière de l’Hospitalité, explore notamment comment le sport est intégré dans nos établissements à travers le monde, du Togo à Marseille. On y découvre des initiatives où le sport devient un outil précieux de soin, de prévention et de création de liens sociaux. Un focus historique nous montre par ailleurs combien le sport a toujours été au cœur de la préoccupation des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu dans le soin des personnes accueillies.

Un des sujets phares de ce numéro est l’annonce et la présentation du projet de nos Messagers de l’Hospitalité. Flore et Valentin, avec leur petite fille Anna, partiront à l’automne à la découverte de la grande famille hospitalière à travers le monde. Ils reviendront chaque année en France partager leurs expériences et découvertes auprès des collaborateurs, frères et résidents des établissements de la Fondation Saint Jean de Dieu. « Ce projet se veut lent, très lent. Nous voulons nous mettre au service des autres en prenant notre temps », explique Valentin. « Un projet un peu fou à l’image de la vie, semée de doutes et d’aléas, de lumière et de joie ; un désir d’abandon, une soif de passer du temps avec les autres, une invitation à se laisser guider et enseigner, accepter de ne pas pouvoir tout contrôler, à ralentir parfois et à foncer quand l’appel du large se fait trop insistant », surenchérit Flore.

Ce numéro du Lien Hospitalier propose également des portraits inspirants, comme celui de Frère Flavien, qui fête ses 70 ans de profession religieuse, ou encore un article sur le Centre hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon, qui célèbre cette année ses 200 ans d’histoire.

Nous vous invitons à plonger dans ces pages riches en histoires et en réflexions, pour découvrir comment l’esprit de saint Jean de Dieu continue d’animer nos actions au quotidien.

Retrouvez ce numéro dès maintenant et laissez-vous inspirer par les valeurs de l’hospitalité et du sport ! 📖✨

Flore, son mari Valentin et leur fille Anna se lancent dans un projet de vie audacieux où l’aventure, le service et la rencontre sont au cœur. Gestionnaires d’une petite entreprise de location de bateaux à côté de Dinan, où ils ont découvert l’Ordre hospitalier et la Fondation Saint Jean de Dieu, ils souhaitent partir plusieurs mois par an en mer, et revenir le reste de l’année en France pour faire vivre leur entreprise pendant la saison estivale.

Même si, comme toute aventure, la page s’écrira au fur et à mesure en se laissant ouverts à l’inattendu, leur objectif est clair : se mettre au service des autres en donnant de leur temps, en se laissant guider, et en prenant leur temps. Cette aventure a débuté en janvier 2024, par une première escale « test », où ils ont pu aller à la rencontre des Frères hospitaliers, des collaborateurs et des résidents du centre Saint Jean de Dieu de Thiès. Flore et Valentin ont souhaité vivre cette aventure comme une aventure missionnaire, au travers des actions plus que par les paroles.

Un premier contact avec Saint Jean de Dieu de France s’est fait via le Centre hospitalier Dinan / Saint-Brieuc et les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, en mai dernier, pour une rencontre de lancement du projet. D’autres visites sont prévues dans les établissements de la Fondation qui le souhaiteront, au gré du vent de l’aventure ! Vous êtes d’un établissement Saint Jean de Dieu et vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !

Merci à Flore et Valentin pour cette belle mission de présence et de transmission au cœur de l’Hospitalité selon Saint Jean de Dieu !

Une vingtaine de collaborateurs de la Fondation Saint Jean de Dieu sont partis à Grenade pour une semaine sur les pas de saint Jean de Dieu, notre fondateur. L’occasion de toucher du doigt ce qui anime les établissements de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu et les membres de la Famille hospitalière depuis plus de 500 ans ! Témoignages.

Célestine, ergothérapeute au Centre du Sacré-Cœur de Niort

A travers les rues de Grenade le voyage commence, je suis transportée en 1539 grâce aux récits et aux témoignages contés par notre guide. J’imagine saint Jean de Dieu et le vois en action à travers tous ces endroits emblématiques qui ont marqué sa vie. Quelle vie ! je suis sidérée de découvrir tout ce qu’il a réussi à accomplir et transmettre en seulement 11 ans… La bienveillance, les notions de bientraitance, l’entraide, l’innovation pour son époque et toute la force et le courage qu’il lui a fallu pour poursuivre ses idéaux malgré les difficultés. Quelle leçon de vie et exemple recevons nous !

Encore aujourd’hui, en sillonnant cette magnifique ville empreinte des différentes cultures qui se sont succédées, je constate que le passage de saint Jean de Dieu est gravé partout. La préservation de ce moment de l’histoire est incroyable. L’émotion est présente en découvrant devant mes yeux la beauté des lieux et l’intensité du moment que nous partageons.

Le partage de ce voyage spirituel et d’introspection avec d’autres collaborateurs de la fondation et de l’Ordre hospitalier, ainsi qu’avec des Frères de Saint Jean de Dieu, fut très enrichissant tant personnellement que professionnellement. Il me permet également de redonner du sens aux accompagnement quotidien que nous faisons et de prendre conscience que nous avons tous le même but : faire perdurer l’œuvre de ce grand homme pour améliorer la vie d’autrui.

Les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu accueillent, accompagnent et soignent depuis plus de 450 ans toute personne en situation de vulnérabilité sur les cinq continents. En France, ils poursuivent leur mission avec le soutien de laïcs, collaborateurs, bénévoles ou volontaires.

Et si vous aussi vous donniez du sens à vos vacances cet été en vous engageant quelques jours avec eux ? 🔥

La communauté des frères de Marseille accueille tous les soirs 300 personnes sans logement et leur offre le gîte et le couvert dans le quartier de la Joliette, au sein du Centre Forbin.

✔️ Venez partager pendant quelques jours leur sens de l’hospitalité, leur vie de prière et de service auprès des plus petits ! Séjour à organiser selon vos disponibilités, après entretien avec le responsable de l’engagement.

✔️ Un camp de l’Hospitalité s’organise par ailleurs avec des jeunes étudiants et professionnels du 23 au 29 août. Une occasion unique de vivre ensemble l’esprit d’hospitalité dans le style Saint Jean de Dieu, c’est-à-dire « être un frère ou une sœur avec les pauvres. »

Prenant racine dans la prière, des temps de formation et de relecture, mais aussi de découverte de Marseille, ces services se feront sous diverses formes, avec le souci de nous rendre présents aux personnes les plus fragiles, notamment celles touchées par le handicap, la précarité ou l’âge. L’objectif de ces temps de service et d’aventure peut se résumer dans la devise de Saint Jean de Dieu : « Faites vous du bien en faisant le bien ».

🌟Venez vivre l’Aventure, le Service de l’autre et la Prière dans les quartiers Nord de Marseille !🌟

Du 7 au 12 avril 2024, une délégation de résidents, collaborateurs, Frères et Sœurs des centres Lecourbe et Sainte-Germaine de la Fondation Saint Jean de Dieu se sont rendus à Lourdes dans le cadre du pèlerinage de l’Association des Brancardiers et Infirmières de l’Ile de France (ABIIF). Retour d’expérience avec Frère Jérôme Gravereau, oh.

En ce matin du 7 avril, gare Montparnasse, c’est l’effervescence. Des centaines d’hommes et de femmes de tous âges, en polos bleu et rouge ou tabliers rayés bleu et blanc s’affairent autour de deux rames TGV constituant un train spécial. Ils accueillent et accompagnent des personnes malades, âgées ou en situation de handicap vers Lourdes où ils se rendent en pèlerinage.

 L’Hospitalité de Paris, plus connu sous le nom de « Association des Brancardiers et Infirmières de l’Ile de France » (ABIIF) a déployé sa logistique pour permettre à 308 pèlerins accompagnés par 696 hospitaliers de vivre ces moments forts près de la grotte de Massabielle, à l’écoute de la Vierge Marie et de Sainte Bernadette. Le pèlerinage était accompagné par Mgr Emmanuel Toit, évêque auxiliaire de Paris.

La Fondation Saint Jean de Dieu étaient bien représentée, puisque plus de 30 personnes venant de la Maison Sainte Germaine (accompagnées par 2 sœurs) et du Centre Lecourbe (MAS, IEM, USEP) étaient présentes. Etaient également présents, le frère Christian Clavé, comme aumônier de salle et le frère Jérôme Gravereau, comme infirmier de salle (photo ci-contre).

Cette année, le thème du pèlerinage était : « … que l’on y vienne en procession. » C’est la dernière partie du message donné par la Vierge Marie à Bernadette lors de la 13ème apparition le 2 mars 1858 : « Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle et que l’on y vienne en procession . » « Allez dire aux prêtres.. » et « …Que l’on bâtisse ici une chapelle.. » furent les thèmes des deux précédents pèlerinages.

A peine le train parti, le pèlerinage commence. Premier temps fort, pendant le trajet : la « Messe TGV ». Dans chaque wagon, comprenant les pèlerins d’une même salle pour leur séjour à Lourdes, une messe est célébrée par les aumôniers. Une grande première pour certains.

Les 4 jours passés à Lourdes ont été des moments inoubliables de partages, de joies, de fêtes, d’émotions. Chaque « ami pèlerin » est entouré, choyé et je dirais chouchouté. Pour certains c’est le seul moment de l’année pendant lequel l’on va vraiment s’occuper d’eux à 100%, tout au long de la journée.

Pour tous, c’est un rythme intense, mais ce n’est que du bonheur.

Pendant ce séjour, on a pu vivre de grands moments, comme le passage à la grotte, la messe à la grotte (sous une pluie battante), le sacrement de réconciliation, ou encore le sacrement des malades toujours si riche en émotions. Nous avons vécu le geste de l’eau aux piscines, qui remplace pour l’instant l’immersion. Mais aussi, la procession eucharistique, et la très émouvante procession mariale.

Une autres très belle cérémonie fut vécue par l’ensemble des pèlerins : la cérémonie d’engagement. Un moment important et émouvant pour les 13 brancardiers et infirmières (mais également pour leurs pairs) qui ont décidé de se consacrer à Jésus par Marie, au témoignage de l’Evangile et à l’attention portée aux plus fragiles, au sein de l’Hospitalité de Paris.

Le 12 avril, il est déjà temps de repartir. Fatigués mais heureux, la tête dans les étoiles, nous avons regagné Paris. Là encore dans une ambiance de liesse, et parfois des larmes, nous avons quitté nos « amis » repartis vers leurs lieux de vie respectif.

Mais ce n’est qu’un « au revoir ». Car l’ABIIF, ce n’est pas simplement 6 jours passés ensemble dont 4 à Lourdes. C’est toute l’année que nous nous engageons à les visiter. Plusieurs activités sont organisées au cours de l’année, jusqu’au prochain pèlerinage.

Le prochain moment important se déroulera le 8 juin 2024 lors d’une messe et une grande fête, à laquelle tous les pèlerins ont été conviés. Il s’agira de fêter dans la joie les 100 ans de l’ABIIF.

Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu de France, a clôturé la Visite canonique ce 5 avril au Centre médico-social Lecourbe de la Fondation Saint Jean de Dieu. Celle-ci intervenait après deux mois de visite des communautés et établissements de France et de l’Océan indien.

Les directeurs des établissements et des représentants des communautés se sont retrouvés à Paris pour une journée d’action de grâce et de réflexion autour de « l’Hospitalité, dans un monde en mutation ». Plus de cent personnes réunies au total, incluant des résidents du Centre Lecourbe.

Pour une hospitalité inconditionnelle

« Et si nous faisions de l’hospitalité le socle même sur lequel nous pourrions nous reposer, nous assurer que nous sommes bien là, présents au monde même s’il bouge en tous sens ? », s’est interrogée Laurence Drake, administratrice de la Fondation Saint Jean de Dieu, ouvrant une matinée d’interventions très riches sur la thématique de « L’hospitalité, dans un monde qui change ». « Et si c’était l’hospitalité qui était notre élément intangible ? Et en allant un peu plus loin, si c’était l’inconditionnalité de l’hospitalité qui devenait le moteur de nos actions, sociales, politiques, familiales, spirituelles… ? »

Laurence Drake a animé la réflexion avec des interventions du Frère Bruno Cadoré, ancien grand Maître des Dominicains, de Gabrielle Halpern, philosophe, et de Clarisse Ménager, directrice générale de la Fondation Anne de Gaulle.

Osons sortir de notre confort

« A l’approche du Chapitre général, nous sommes invités à approfondir le sens de notre engagement, a souligné Frère Pascal Ahodegnon, Conseiller général de l’Ordre hospitalier. Il nous faut pour cela cultiver une écoute attentive et un cœur ouvert, prêts à accueillir les nouveaux défis, quitte à bousculer nos habitudes. Osons sortir de nos communautés et de nos bureaux pour aller à la rencontre de ceux qui ont besoin de nous ! Osons sortir de notre confort pour retrouver une vie simple, disponible à l’autre ! Osons nous recentrer sur l’Essentiel pour rayonner de l’amour du Christ qui nous pousse à aller vers les plus pauvres. C’est ainsi que nous trouverons la joie de l’hospitalité et que nous pourrons attirer de nouvelles vocations de Frères et de collaborateurs, prêts à servir le bien commun. »

« Nous avons beau développer les technologies les plus sophistiquées, il demeure une question essentielle, fondamentale, intangible : celle de la relation à l’Autre. Celle de la juste relation à l’Autre. Et c’est bien tout le sens de la philosophie de l’hybridation que je forge jour après jour : comment penser une nouvelle éthique de la relation à l’Autre ?

Si, selon les mots de Martin Buber, « l’homme devient je au contact du tu », comment renforcer parmi nos contemporains, et pour les générations à venir, le goût de l’altérité ? Quelle hospitalité sommes-nous prêts à offrir à l’Autre et comment nous préparons-nous à être accueillis?

Il nous faut repenser l’hospitalité comme une métamorphose réciproque impliquant un apprentissage de la part de l’hôte… et de l’hôte.

C’est parce que l’enfant, tout petit, voit ses parents accueillir leurs hôtes, prendre du temps pour eux, leur offrir le meilleur et les honorer – par une série de rituels, de symboles, de conventions sociales qui ont tout simplement codifié l’altruisme, et plus précisément la sollicitude -, que l’enfant, plus tard, saura accueillir ses propres hôtes. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas inviter, qui ne savent ni recevoir ni accueillir et l’on oublie que l’hospitalité nécessite un apprentissage. Et de la même manière qu’accueillir s’apprend, être accueilli s’apprend aussi pour qu’il y ait justement cette métamorphosée réciproque »…

Très honorée d’avoir tenu un enseignement ce matin sur le thème de l’hospitalité lors de la visite canonique provinciale de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu à Paris.

Gabrielle Halpern

Une heure de spectacle durant laquelle deux comédiens, accompagnés par une musicienne, racontent l’incroyable épopée de Jean de Dieu (1495-1550), saint patron des malades et des soignants.

La Curie générale des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu a publié les statistiques actualisées pour l’année 2023 de la congrégation. Les chiffres révèlent une stabilité générale au sein de l’Ordre (nombre de centres, de communautés, de frères, de vocations…), malgré quelques fluctuations en fonction des provinces.

Au 31 décembre 2023, le nombre total de frères, y compris les novices, s’élèvait à 965 membres dans 18 provinces, 2 vice-provinces et 2 délégations provinciales. Les statistiques font état de 811 profès solennels, 93 profès temporaires, 54 novices et 7 oblats. Parmi eux, on compte 107 frères prêtres, dont 2 en France.

Comparé à l’année précédente, l’Ordre enregistre une légère diminution de 16 membres au total. Cette variation est principalement due à une baisse du nombre de profès solennels (-20) et une augmentation du nombre de profès temporaires (+5) et de novices (+1).

L’apostolat des frères se poursuit par ailleurs au sein de 410 œuvres apostoliques (14 de plus qu’en 2022), dont 172 sont constituées canoniquement. Présents sur les 5 continents, les frères vivent au sein de 161 communautés réparties dans 54 pays, y compris le Vatican où une communauté de frères s’occupe de la pharmacie du Vatican. A noter la présence des frères dans des zones de conflits comme Israël et l’Ukraine.

Originaires de 49 pays différents, les frères ont une moyenne d’âge de 60 ans, avec d’importantes disparités selon les provinces. L’année 2023 a notamment vu l’arrivée de 24 novices, la profession temporaire de 16 membres et la profession solennelle de 13 frères.

Malgré ces fluctuations démographiques, l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu continue de répondre aux besoins des plus vulnérables à travers le monde, avec le soutien de plus de 60 000 collaborateurs et 25 000 bénévoles.