Du 15 octobre au 7 novembre prochain, à Częstochowa, en Pologne, se tiendra le 70e Chapitre général des Frères de Saint Jean de Dieu, sur le thème « L’Hospitalité, dans un monde en mutation. » Cette sorte d’assemblée générale des Frères hospitaliers du monde entier, qui se réunit tous les six ans, revêt une importance majeure pour l’Ordre, car il constitue un moment privilégié de discernement, de renouvellement et de prise de décision. Comme lors du précédent chapitre, celui-ci réunira des frères – au nombre de 67, venant des 5 continents – et une vingtaine de laïcs venus de différentes provinces du monde, pour réfléchir aux défis et aux orientations à venir.

Qu’est-ce qu’un Chapitre général ?

Le Chapitre général est le plus haut organe décisionnel de l’Ordre hospitalier. Il a pour rôle de définir les grandes orientations de la mission de Saint Jean de Dieu pour les années à venir. C’est aussi le lieu où se prennent des décisions importantes concernant la gouvernance, les grandes lignes d’actions pour les années à venir, l’organisation de la vie religieuse, et la réélection du supérieur général et de son conseil.

Ce moment de prière et de réflexion collective est profondément ancré dans la spiritualité de l’hospitalité, une valeur centrale de l’Ordre. Les participants auront l’occasion de méditer sur les besoins émergents dans notre monde actuel, tels que les crises écologique et économique, les défis sociaux et sanitaires, et de repenser la manière dont l’Ordre peut répondre à ces enjeux tout en restant fidèle à sa mission première : « Par les corps, aux âmes » (devise de saint Jean de Dieu).

Le chapitre : une étape vers l’avenir

Ce Chapitre général sera non seulement un temps de prise de décision, mais aussi un moment de profond renouveau spirituel pour chaque membre de l’Ordre. Il invitera les frères, les collaborateurs et tous ceux qui sont engagés dans l’œuvre de Saint Jean de Dieu à redécouvrir les racines de leur engagement dans l’hospitalité. Il s’agira aussi de renouveler l’élan missionnaire pour répondre aux besoins des personnes souffrantes et marginalisées, tout en réfléchissant à de nouvelles manières de prendre soin.

Retrouvez les éléments d’organisation de ce chapitre sur le site dédié, ainsi que sur nos réseaux sociaux. Nous le confions également à vos prières !

« Ne cherchons pas de solutions aux problèmes, mais concentrons notre attention sur le discernement de la volonté de Dieu, formulée ici sous la forme du ‘rêve de Dieu’ pour les communautés, les provinces et l’Ordre, à la suite de saint Jean de Dieu ! » (P. Jose Cristo Rey, cfm)

Mihaël, jeune croate de 23 ans, achève ses 2 années de noviciat à Brescia, en Italie. Destiné à devenir Frère de Saint Jean de Dieu pour la province de France, il prononcera ses premiers vœux temporaires en novembre prochain, avant de revenir en France pour son scolasticat, dernière étape de formation avec les vœux définitifs. Rencontre.

Quel est votre parcours ?

Après le lycée et un bref passage à l’université, j’ai découvert la vocation de frère hospitalier qui m’a profondément enthousiasmé ! J’ai d’abord passé 6 mois à Marseille, au Centre Forbin de la Fondation Saint Jean de Dieu, puis 6 mois au Centre du Croisic. Je suis maintenant depuis deux ans au noviciat européen à Brescia.

En quoi consiste cette première étape de formation ?

Le noviciat est la maison de formation des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu. A Brescia, la particularité est que ce noviciat accueille, depuis cinq ans, les jeunes de toutes les provinces d’Europe qui se posent la question de la vocation hospitalière. Chaque novice vient de son propre pays avec son caractère, ses habitudes et sa culture, et la formation consiste à nous apprendre à vivre ensemble, en vue de notre mission finale qui est le service des plus petits. C’est pourquoi cette première étape de formation met l’accent sur l’apprentissage de la vie communautaire et sur l’apostolat, par un temps de service au sein d’un hôpital psychiatrique ou dans un centre pour sans-abris tenus par les frères. Nous voyageons aussi pas mal pour découvrir d’autres centres de l’Ordre et acquérir de nouvelles expériences ! Au noviciat, nous apprenons en théorie comme en pratique les vœux religieux des Frères de Saint Jean de Dieu : chasteté, obéissance, pauvreté et hospitalité.

Après ces 2 années de formation, comment avez-vous perçu ce temps avec d’autres novices européens ?

Vivre en fraternité, c’est beau sur le papier, mais ce n’est pas évident dans la réalité ! C’est un apprentissage du quotidien qui m’aide à mieux me connaître moi-même et à remettre en question mes façons de faire. Parfois, il nous arrive de faire le bien ou le mal sans même nous en rendre compte, cela fait partie de nos habitudes, de notre disposition naturelle… Les autres peuvent donc nous aider à discerner cela, et bien qu’ils ne soient pas un critère de jugement pour moi, ils m’aident à corriger une image déformée que j’ai peut-être de moi-même. Et puis, l’environnement international apporte ses avantages et ses défis supplémentaires. Ne pas connaître la langue des autres peut nous limiter sous certains aspects, et le décalage culturel peut causer des frustrations, surtout au début, mais tout cela élargit nos horizons. Les circonstances historiques ont également influencé le développement de différentes approches de la spiritualité dans chaque pays. Depuis les temps apostoliques, l’Église a toujours eu un caractère international, et cela prend encore plus d’importance dans le contexte actuel de grande mondialisation.

Quels sont les axes de formation qui sont développés au noviciat ?

On commence par les valeurs humaines fondamentales, comme le sens de la justice, le travail, la prudence, la modération. Ce n’est que lorsque nous sommes bien ancrés en tant qu’êtres humains, hommes et femmes, que nous pouvons être de bons chrétiens. L’Evangile n’enlève rien à l’humanité, mais il ajoute aux aspects humains les mystères de la foi, pour que nous vivions dans la joie de l’espérance, et pour que nous perfectionnions notre amour pour Dieu et pour notre prochain. Dans notre Ordre, la sensibilité aux personnes vulnérables est très importante.

Quel meilleur souvenir gardez-vous de ce passage au noviciat de Brescia ?

Avant d’entrer au noviciat, j’étais assez scrupuleux, et pas toujours dans le bon sens du terme. Le noviciat m’a aidé à m’assouplir avec un esprit filial et l’envie de faire la volonté de Dieu avant tout. Après tout, Jésus dans l’Évangile a souvent adressé cette mise en garde aux pharisiens. Mon plus beau souvenir sera donc ce doux goût de la liberté des enfants de Dieu.

Quel bilan tirez-vous de ce temps de noviciat ?

En Europe, de moins en moins de jeunes choisissent de s’engager, que ce soit par le mariage, ou la vocation, qu’elle soit sacerdotale ou religieuse. Dans le monde hospitalier, les débats sur les questions de bioéthique se multiplient. Vivre en communauté avec des frères en Christ, d’âges et d’origines différents, qui partagent la même préoccupation pour les plus fragiles à l’exemple de saint Jean de Dieu, m’offre une perspective et me donne l’espoir que le bien finira par triompher !

Dans quel état d’esprit arrivez-vous en France et quelle sera votre mission ?

J’arrive plein d’énergie et prêt à me mettre au service là où la Providence me guidera ! A priori je serai à cheval entre les études et un service simple en milieu hospitalier, comme brancardier par exemple. Mais pour l’instant, je ne m’en soucie pas trop, l’important est d’apporter la joie et l’espoir là où nous sommes semés, même si ce n’est pas toujours facile !


Les 4 et 5 septembre derniers, le Centre Saint Jean de Dieu du Croisic a accueilli la première édition du Forum de l’Hospitalité, un événement qui a réuni frères, collaborateurs, bénévoles et résidents, ainsi que Flore et Valentin, les Messagers de l’Hospitalité.

Cet événement, né de l’initiative du définitoire de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu de France, visait à créer un espace de rencontre, de partage et de réflexion autour des valeurs d’hospitalité qui animent les actions de l’Ordre.

Une ambiance fraternelle et bienveillante

Dès les premières heures du forum, une dynamique fraternelle s’est rapidement installée. L’ensemble des participants a pu échanger dans un cadre chaleureux. Que ce soit lors des visites dans les services, lors de partages informels ou des temps spirituels, l’esprit familial propre à l’Ordre hospitalier a été ressenti par tous. Frère Jean-Marie a notamment souligné l’importance de ces moments partagés : « Le forum a permis de créer une ambiance fraternelle et joyeuse. Le temps de la messe a condensé ces deux jours d’échanges intenses, apportant paix et sérénité. »

Un moment clé pour les Messagers de l’Hospitalité

La présence de Flore, Valentin et de leur petite fille Anna, engagés dans un tour du monde à la voile sous le nom des Messagers de l’Hospitalité, a marqué l’ensemble des participants. Leur projet, soutenu par la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu, consiste à voyager à la rencontre des centres et communautés Saint Jean de Dieu à travers le monde pour diffuser et incarner les valeurs de l’Ordre. Lors de ces deux journées, ils ont eu l’occasion de partager leur témoignage, et d’échanger avec les résidents, collaborateurs et bénévoles.

Flore a exprimé sa gratitude quant à l’accueil qu’ils ont reçu : « Nous avons été accueillis comme des membres de la famille. En l’espace de 24 heures, des liens forts se sont tissés avec les résidents et collaborateurs, témoignant de la puissance de l’hospitalité dans ce lieu. » Leur témoignage a été un point fort du forum, incitant résidents et bénévoles à réfléchir sur les façons d’être à leur tour des Messagers de l’Hospitalité, de maintenir ce lien et de continuer à diffuser ces valeurs au-delà de l’événement. 

Des échanges riches et des perspectives pour l’avenir

Ce forum version « v0 » a permis de faire émerger des réflexions profondes sur l’hospitalité et ses multiples dimensions. D’autres événements du même genre sont prévus au sein des établissements Saint Jean de Dieu de France, à raison de 2 ou 3 par an. Ce premier Forum de l’Hospitalité a clairement montré son potentiel en tant que moteur de cohésion et de lien au sein de la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu. Les participants, enthousiasmés par l’expérience, ont d’ores et déjà exprimé leur volonté de voir ces forums se répéter à une fréquence régulière.

Une heure de spectacle durant laquelle deux comédiens, accompagnés par une musicienne, racontent l’incroyable épopée de Jean de Dieu (1495-1550), saint patron des malades et des soignants.

Ce mercredi soir ouvrent les Jeux paralympiques. A cette occasion, du 28 août au 8 septembre, sur 12 lieux différents, les participants valides ou porteurs de handicaps pourront découvrir ou pratiquer ensemble 12 para-sports et vivre ainsi les Jeux au plus près. Les résidents, collaborateurs et frères du Centre Lecourbe – Fondation Saint Jean de Dieu participent à l’événement.

“Un événement inoubliable, avec de grands moments fraternels riches en émotions attend jeunes et moins jeunes”, expliquent les organisateurs des Holy Games. Par cette mobilisation, l’Eglise catholique de France souhaite contribuer à la réussite du « match retour » que constituent ces Jeux paralympiques et mettre la fraternité au cœur de cette quinzaine olympique en permettant aux plus fragiles de vivre ces Jeux eux aussi.

Le programme de chaque journée tiendra compte des horaires des compétitions sportives afin de permettre à ceux qui les suivront de pouvoir aussi participer aux activités prévues dans les paroisses d’accueil. Cette route passera par le Centre Lecourbe de la Fondation Saint Jean de Dieu, le 3 septembre, au septième jour des jeux paralympiques. Au programme, accueil des participants à 9 h, suivi d’une messe puis d’activités sportives et notamment du para-tir à l’arc en initiation et des retransmissions des épreuves paralympiques de cette journée.

L’après-midi, trente places ont été réservées pour permettre aux résidents d’aller assister aux épreuves aux Invalides. “On fait partie d’une grande route qui va durer tout le long des Jeux paralympiques et permettre à un grand nombre de personnes, valides ou non, de vivre ensemble cet événement unique”, explique Marie, coordinatrice du service d’accès à la culture, au sport et aux loisirs du Centre Lecourbe. La matinée sera ouverte au public.

En 2025, les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu fêteront le 310e anniversaire de leur présence à Venise, où ils exercent toujours leur charisme auprès de personnes âgées, de malades en fin de vie et de personnes en convalescence. En cette période estivale, reportage dans un établissement Saint Jean de Dieu hors du commun.

« Pour nous rejoindre, prendre le bateau ligne 4.2 ou 5.2, ou le vaporetto ligne 1 », peut-on lire sur le dépliant de l’établissement sanitaire. C’est en effet au bord d’un canal, dans le quartier paisible de Cannaregio, au nord de la Sérénissime, que se trouve le palazzo pluriséculaire qui abrite l’hôpital Saint Raphaël depuis 140 ans. C’est d’ailleurs en bateau-ambulance que les patients arrivent dans cet établissement, accueillis dans un hall qui semble à lui seul raconter toute l’histoire des Fatebenefratelli – littérallement « Faites le bien, frères », surnom donné aux Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu en Italie – sur la célèbre île italienne.

Les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu sont arrivés dans la République de Venise en 1715 pour prêter main forte aux soins des soldats blessés ou malades dans les hôpitaux militaires de la ville. Très vite, les frères se sont installés sur l’île de San Servolo, au sud-est de la Sérénissime, où ils ont géré successivement un hôpital général puis un hôpital psychiatrique. En 1882, l’hôpital a dû déménager en plein cœur de Venise, dans les bâtiments actuels.

Quand on pénètre dans cet hôpital, on a l’impression d’être hors du temps. Les bureaux sont immenses, gardant le style de l’époque avec leurs hauts plafonds et le mobilier d’origine. Juste après le hall d’accueil, on entend le doux clapotis de l’eau du “parking” de l’établissement, où attend un petit bateau à moteur qui sert de véhicule aux salariés pour faire une course ou pour un rendez-vous en ville. Enfin, un petit jardin entouré de murailles, au fond de la propriété, donne sur la lagune extérieure de Venise, faisant face à l’île de Murano.

180 salariés travaillent ici, pour une structure de 190 lits répartis en différentes unités : un service de soins palliatifs, un hébergement pour personnes âgées dépendantes ou non, un centre de convalescence, un service de soins pour personnes dépendantes, ou encore une unité de réhabilitation de 75 lits avec salle de gym et piscine. Le centre comprend par ailleurs un service de radiologie dernière génération, un laboratoire, ainsi qu’une dizaine de services ambulatoires.

L’hôpital Saint Raphaël est conventionné, reconnu par le ministère de la Santé comme établissement sanitaire spécialisé. Il s’agit d’un des premiers établissements de l’Ordre hospitalier du nord de l’Italie. “L’hospitalité y trouve toujours un espace pour s’exprimer selon les orientations léguées par notre fondateur, saint Jean de Dieu : ‘Une charité pluriséculaire, avec des moyens modernes’”, peut-on lire dans le livret d’accueil du patient.

Gérés directement par la province lombardo-vénitienne dont le siège légal se trouve à Brescia, il n’est pas rare de voir encore des frères diriger les établissements de l’Ordre. C’est ainsi qu’à Venise, Frère Marco veille sur l’institution en tant que Prieur, secondé par un laïc directeur d’établissement, Marco Mariano. Deux autres Frères, Frère Lucas et Frère Riccardo, tous deux infirmiers de profession, accompagnent chaque jour les patients par leur simple présence hospitalière et fraternelle au milieu d’eux. À noter également la présence significative d’une communauté de quatre sœurs franciscaines de la congrégation des Sacrés Cœurs, dédiée à l’accompagnement des malades, avec le soutien d’un aumônier.

Héritiers d’une histoire hospitalière forte dans cette petite île devenue un véritable musée fascinant pour le touriste, les Frères de Saint Jean de Dieu ont tissé des liens si étroits avec les Vénitiens au cours des trois derniers siècles qu’ils sont devenus aujourd’hui une référence pour la ville.


“Ouvrons grand les jeux” : tel est le slogan des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. “C’est une invitation lancée au monde entier à venir vivre des émotions nouvelles, ensemble… C’est aussi un pouvoir. Le pouvoir d’ouvrir nos cœurs et nos esprits, pour ne plus voir les différences comme des obstacles”, disait Tony Estanguet, président des JO 2024, en expliquant ce slogan.

Je suis touché par ce propos qui définit exactement notre hospitalité ! L’hospitalité qui est notre identité, le fondement de notre mission et de nos valeurs que nous vivons et partageons avec nos collaborateurs.

D’abord parce qu’au travers du soin du corps, nous croyons à Saint Jean de Dieu que nous pouvons toucher les âmes. Eh oui ! C’est notre devise et notre spiritualité ! Par le soin du corps, on atteint l’âme et c’est le Christ lui-même qui nous a montré ce chemin. Si la version habituelle est “Par les corps, aux âmes”, permettez-moi de rajouter, comme un trait d’union entre les deux, celui de “forger l’esprit”. Les sportifs de haut niveau savent à quel point “l’état d’esprit” est aussi important que la préparation du corps pour atteindre la réussite. C’est ce fameux fair-play qui invite au respect à la fois des règles et de l’adversaire.

Dans le domaine de la compétition, il est également nécessaire d’anticiper nos capacités physiques par un travail d’excellence, par une préparation de qualité.

“Mieux vaut prévenir que guérir”

Dans le domaine de la santé et de l’éducation, nous savons tous très bien que ‘mieux vaut prévenir que guérir’. L’hospitalité selon saint Jean de Dieu ne se focalise pas seulement sur le soin du malade mais aussi sur la prévention de la maladie. Le sport, qui est un soin du corps par excellence, est un moyen pour y parvenir, grâce à ses effets bénéfiques tant sur le plan physique que mental, social et familial. Et c’est la responsabilité partagée de tout le monde de prévenir la maladie, car un esprit sain se trouve dans un corps sain.

Le sport est enfin le moyen de prendre soin de soi avant de s’occuper des autres. “Frères, faites-vous du bien en faisant du bien aux autres”, disait notre fondateur. Il s’agit de prendre le temps de s’arrêter, de faire un point sur le sens donné à notre travail, à nos engagements, à notre vie. C’est ce temps qui nous permettra d’être d’autant plus efficaces dans le sens où nous laisserons une part à l’inattendu, aux rencontres, aux nouveaux défis. Ce temps qui nous rendra plus disponible pour faire le bien aux autres.

Frère Jean-Guillaume

À bientôt 90 ans, Frère Flavien n’est pas du genre à s’arroger du repos. Ce frère hospitalier, au caractère aussi trempé que son accent révélant ses origines alsaciennes, continue d’être bien actif. Passionné d’histoire, il se rend chaque jour au service des Archives de la province de France pour seconder Marie Rablat, l’archiviste provinciale, et dépouiller des pages d’histoires encore méconnues de l’Ordre hospitalier en France.

Retiré dans la communauté de Paris, Frère Flavien est par ailleurs une présence importante pour les jeunes frères malgaches en formation à la capitale. Le surnom qu’ils lui ont donné montre bien l’importance de cette présence intergénérationnelle : « Dadabé » (« Grand-père », en malgache). Il n’est d’ailleurs pas rare de le croiser le soir jouant au scrabble avec l’un d’entre eux.

En mai dernier, il a fêté ses 70 ans de profession religieuse au sein de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu. Frère Flavien Ruthmann, bien connu notamment au Centre hospitalier Dinan/Saint-Brieuc où il a exercé l’une de ses dernières responsabilités en tant que directeur, président et prieur, a eu une vie bien remplie au service de Dieu, des malades, de ses frères et des établissements de l’Ordre.

« Vous avez la vie devant vous »

Frère Flavien se préoccupe souvent de la situation de ses jeunes frères. « Vous avez la vie devant vous, » a-t-il rappelé lors de son jubilé. « Vous êtes entrés pour vous consacrer à Dieu, aux pauvres et aux malades, un programme vaste et sans limites ! Continuez votre formation spirituelle et professionnelle pour que vous vous sentiez bien à votre place, dans votre vocation de service. »

Pour sa part, Flavien Ruthmann a rencontré les frères pour la première fois en mai 1947, alors qu’il cueillait du muguet dans la forêt de Guewenheim avec ses trois frères et ses parents, en même temps que Frère Aurélien et les juvénistes en sortie. Il entre au juvénat – une école pour les enfants se posant la question de la vocation – dans la foulée, à l’âge de 12 ans, et poursuit sa formation jusqu’au 30 mai 1954, date de ses premiers vœux, il y a tout juste 70 ans. « Cela ne fut pas toujours un long fleuve tranquille, » reconnaît aujourd’hui Frère Flavien. « Mais on s’est engagé pour Dieu et les nécessiteux. J’ai eu beau piquer des coups de gueule, j’ai toujours fini par obéir à ce que me demandaient mes supérieurs, même si je n’étais pas d’accord », avoue-t-il en repensant à ses différentes affectations, acceptées sans regret, sauf celui de n’en avoir pas fait assez.

« Sans vie de communauté, il est difficile de tenir »

Connu pour sa franchise, Frère Flavien n’a jamais hésité à exprimer ce qu’il pensait, parfois de manière abrupte, mais toujours avec sincérité. Prieur de nombreuses communautés, il a également assumé la charge de directeur puis de président d’associations qui géraient alors localement les établissements Saint Jean de Dieu. Il a particulièrement connu la délicate période du passage de témoin aux laïcs. « Durant ma vie, j’ai beaucoup collaboré avec les laïcs, aussi bien dans les soins que dans les responsabilités. J’ai beaucoup appris à leur côté et je les en remercie. J’espère ne pas les avoir fait trop souffrir ! »

Quant à la vie communautaire, Frère Flavien reconnaît qu’elle a été indispensable pour lui. « Sans vie de communauté, il est difficile de tenir. »

Frère Flavien est intarissable lorsqu’il s’agit de l’histoire de l’Ordre et particulièrement des frères de France. Il évoque facilement et avec passion saint Jean de Dieu : « La vie de notre fondateur, je la redécouvre tous les jours ! » dit-il, un large sourire illuminant son visage. Quant à l’histoire de la province, il la connaît d’autant mieux qu’il est passé dans la plupart des établissements et communautés, dont certaines ont aujourd’hui fermé.

Pour Frère Flavien, la foi a toujours été un pilier essentiel dans sa vie religieuse, surtout dans les moments plus difficiles. « On est comme tout le monde, il y a eu des moments où j’ai eu envie de partir. Mais on sait qu’on peut compter sur Dieu, et c’est suffisant. »

« Je crois en l’avenir de l’Ordre »

Son expérience avec les collaborateurs laïcs a été enrichissante. « Cette ouverture progressive aux laïcs, bien que compliquée au début, a été un apprentissage et une belle ouverture pour nous les Frères ! » Aujourd’hui, il regarde l’avenir de l’Ordre avec espérance, malgré la diminution des vocations en Europe.

« Je ne sais pas ce que le bon Dieu veut pour nous, mais je crois en l’avenir de l’Ordre, surtout en voyant ce qui se passe en Afrique où les besoins sont immenses, » confiait-il en 2014 à l’occasion de ses 50 ans de vie religieuse. « Nous devons enseigner aux jeunes l’amour de l’Ordre, des malades et de l’Église, en évitant de courir partout et, peut-être aussi, en nous recentrant sur l’essentiel de notre mission, pourquoi pas en réinventant de nouvelles manières de pratiquer l’Hospitalité. »

Bon anniversaire, Frère Flavien !

Nous sommes heureux de vous annoncer la sortie du nouveau numéro du Lien Hospitalier ! Ce numéro est particulièrement inspiré par l’esprit des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mettant en lumière le sport comme vecteur de fraternité et de soin holistique.

Dans son éditorial, Frère Jean-Guillaume souligne l’importance du sport dans notre démarche d’hospitalité et de soin, rappelant que « le sport est un soin du corps et de l’âme par excellence. » Il nous invite à approfondir notre pratique de l’hospitalité, en prenant exemple sur les valeurs olympiques de persévérance, de don de soi et d’accueil de l’autre.

Le dossier principal, consacré à cette thématique du sport à la lumière de l’Hospitalité, explore notamment comment le sport est intégré dans nos établissements à travers le monde, du Togo à Marseille. On y découvre des initiatives où le sport devient un outil précieux de soin, de prévention et de création de liens sociaux. Un focus historique nous montre par ailleurs combien le sport a toujours été au cœur de la préoccupation des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu dans le soin des personnes accueillies.

Un des sujets phares de ce numéro est l’annonce et la présentation du projet de nos Messagers de l’Hospitalité. Flore et Valentin, avec leur petite fille Anna, partiront à l’automne à la découverte de la grande famille hospitalière à travers le monde. Ils reviendront chaque année en France partager leurs expériences et découvertes auprès des collaborateurs, frères et résidents des établissements de la Fondation Saint Jean de Dieu. « Ce projet se veut lent, très lent. Nous voulons nous mettre au service des autres en prenant notre temps », explique Valentin. « Un projet un peu fou à l’image de la vie, semée de doutes et d’aléas, de lumière et de joie ; un désir d’abandon, une soif de passer du temps avec les autres, une invitation à se laisser guider et enseigner, accepter de ne pas pouvoir tout contrôler, à ralentir parfois et à foncer quand l’appel du large se fait trop insistant », surenchérit Flore.

Ce numéro du Lien Hospitalier propose également des portraits inspirants, comme celui de Frère Flavien, qui fête ses 70 ans de profession religieuse, ou encore un article sur le Centre hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon, qui célèbre cette année ses 200 ans d’histoire.

Nous vous invitons à plonger dans ces pages riches en histoires et en réflexions, pour découvrir comment l’esprit de saint Jean de Dieu continue d’animer nos actions au quotidien.

Retrouvez ce numéro dès maintenant et laissez-vous inspirer par les valeurs de l’hospitalité et du sport ! 📖✨

Flore, son mari Valentin et leur fille Anna se lancent dans un projet de vie audacieux où l’aventure, le service et la rencontre sont au cœur. Gestionnaires d’une petite entreprise de location de bateaux à côté de Dinan, où ils ont découvert l’Ordre hospitalier et la Fondation Saint Jean de Dieu, ils souhaitent partir plusieurs mois par an en mer, et revenir le reste de l’année en France pour faire vivre leur entreprise pendant la saison estivale.

Même si, comme toute aventure, la page s’écrira au fur et à mesure en se laissant ouverts à l’inattendu, leur objectif est clair : se mettre au service des autres en donnant de leur temps, en se laissant guider, et en prenant leur temps. Cette aventure a débuté en janvier 2024, par une première escale « test », où ils ont pu aller à la rencontre des Frères hospitaliers, des collaborateurs et des résidents du centre Saint Jean de Dieu de Thiès. Flore et Valentin ont souhaité vivre cette aventure comme une aventure missionnaire, au travers des actions plus que par les paroles.

Un premier contact avec Saint Jean de Dieu de France s’est fait via le Centre hospitalier Dinan / Saint-Brieuc et les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, en mai dernier, pour une rencontre de lancement du projet. D’autres visites sont prévues dans les établissements de la Fondation qui le souhaiteront, au gré du vent de l’aventure ! Vous êtes d’un établissement Saint Jean de Dieu et vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !

Merci à Flore et Valentin pour cette belle mission de présence et de transmission au cœur de l’Hospitalité selon Saint Jean de Dieu !