Du 7 au 12 avril 2024, une délégation de résidents, collaborateurs, Frères et Sœurs des centres Lecourbe et Sainte-Germaine de la Fondation Saint Jean de Dieu se sont rendus à Lourdes dans le cadre du pèlerinage de l’Association des Brancardiers et Infirmières de l’Ile de France (ABIIF). Retour d’expérience avec Frère Jérôme Gravereau, oh.

En ce matin du 7 avril, gare Montparnasse, c’est l’effervescence. Des centaines d’hommes et de femmes de tous âges, en polos bleu et rouge ou tabliers rayés bleu et blanc s’affairent autour de deux rames TGV constituant un train spécial. Ils accueillent et accompagnent des personnes malades, âgées ou en situation de handicap vers Lourdes où ils se rendent en pèlerinage.

 L’Hospitalité de Paris, plus connu sous le nom de « Association des Brancardiers et Infirmières de l’Ile de France » (ABIIF) a déployé sa logistique pour permettre à 308 pèlerins accompagnés par 696 hospitaliers de vivre ces moments forts près de la grotte de Massabielle, à l’écoute de la Vierge Marie et de Sainte Bernadette. Le pèlerinage était accompagné par Mgr Emmanuel Toit, évêque auxiliaire de Paris.

La Fondation Saint Jean de Dieu étaient bien représentée, puisque plus de 30 personnes venant de la Maison Sainte Germaine (accompagnées par 2 sœurs) et du Centre Lecourbe (MAS, IEM, USEP) étaient présentes. Etaient également présents, le frère Christian Clavé, comme aumônier de salle et le frère Jérôme Gravereau, comme infirmier de salle (photo ci-contre).

Cette année, le thème du pèlerinage était : « … que l’on y vienne en procession. » C’est la dernière partie du message donné par la Vierge Marie à Bernadette lors de la 13ème apparition le 2 mars 1858 : « Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle et que l’on y vienne en procession . » « Allez dire aux prêtres.. » et « …Que l’on bâtisse ici une chapelle.. » furent les thèmes des deux précédents pèlerinages.

A peine le train parti, le pèlerinage commence. Premier temps fort, pendant le trajet : la « Messe TGV ». Dans chaque wagon, comprenant les pèlerins d’une même salle pour leur séjour à Lourdes, une messe est célébrée par les aumôniers. Une grande première pour certains.

Les 4 jours passés à Lourdes ont été des moments inoubliables de partages, de joies, de fêtes, d’émotions. Chaque « ami pèlerin » est entouré, choyé et je dirais chouchouté. Pour certains c’est le seul moment de l’année pendant lequel l’on va vraiment s’occuper d’eux à 100%, tout au long de la journée.

Pour tous, c’est un rythme intense, mais ce n’est que du bonheur.

Pendant ce séjour, on a pu vivre de grands moments, comme le passage à la grotte, la messe à la grotte (sous une pluie battante), le sacrement de réconciliation, ou encore le sacrement des malades toujours si riche en émotions. Nous avons vécu le geste de l’eau aux piscines, qui remplace pour l’instant l’immersion. Mais aussi, la procession eucharistique, et la très émouvante procession mariale.

Une autres très belle cérémonie fut vécue par l’ensemble des pèlerins : la cérémonie d’engagement. Un moment important et émouvant pour les 13 brancardiers et infirmières (mais également pour leurs pairs) qui ont décidé de se consacrer à Jésus par Marie, au témoignage de l’Evangile et à l’attention portée aux plus fragiles, au sein de l’Hospitalité de Paris.

Le 12 avril, il est déjà temps de repartir. Fatigués mais heureux, la tête dans les étoiles, nous avons regagné Paris. Là encore dans une ambiance de liesse, et parfois des larmes, nous avons quitté nos « amis » repartis vers leurs lieux de vie respectif.

Mais ce n’est qu’un « au revoir ». Car l’ABIIF, ce n’est pas simplement 6 jours passés ensemble dont 4 à Lourdes. C’est toute l’année que nous nous engageons à les visiter. Plusieurs activités sont organisées au cours de l’année, jusqu’au prochain pèlerinage.

Le prochain moment important se déroulera le 8 juin 2024 lors d’une messe et une grande fête, à laquelle tous les pèlerins ont été conviés. Il s’agira de fêter dans la joie les 100 ans de l’ABIIF.

Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu de France, a clôturé la Visite canonique ce 5 avril au Centre médico-social Lecourbe de la Fondation Saint Jean de Dieu. Celle-ci intervenait après deux mois de visite des communautés et établissements de France et de l’Océan indien.

Les directeurs des établissements et des représentants des communautés se sont retrouvés à Paris pour une journée d’action de grâce et de réflexion autour de « l’Hospitalité, dans un monde en mutation ». Plus de cent personnes réunies au total, incluant des résidents du Centre Lecourbe.

Pour une hospitalité inconditionnelle

« Et si nous faisions de l’hospitalité le socle même sur lequel nous pourrions nous reposer, nous assurer que nous sommes bien là, présents au monde même s’il bouge en tous sens ? », s’est interrogée Laurence Drake, administratrice de la Fondation Saint Jean de Dieu, ouvrant une matinée d’interventions très riches sur la thématique de « L’hospitalité, dans un monde qui change ». « Et si c’était l’hospitalité qui était notre élément intangible ? Et en allant un peu plus loin, si c’était l’inconditionnalité de l’hospitalité qui devenait le moteur de nos actions, sociales, politiques, familiales, spirituelles… ? »

Laurence Drake a animé la réflexion avec des interventions du Frère Bruno Cadoré, ancien grand Maître des Dominicains, de Gabrielle Halpern, philosophe, et de Clarisse Ménager, directrice générale de la Fondation Anne de Gaulle.

Osons sortir de notre confort

« A l’approche du Chapitre général, nous sommes invités à approfondir le sens de notre engagement, a souligné Frère Pascal Ahodegnon, Conseiller général de l’Ordre hospitalier. Il nous faut pour cela cultiver une écoute attentive et un cœur ouvert, prêts à accueillir les nouveaux défis, quitte à bousculer nos habitudes. Osons sortir de nos communautés et de nos bureaux pour aller à la rencontre de ceux qui ont besoin de nous ! Osons sortir de notre confort pour retrouver une vie simple, disponible à l’autre ! Osons nous recentrer sur l’Essentiel pour rayonner de l’amour du Christ qui nous pousse à aller vers les plus pauvres. C’est ainsi que nous trouverons la joie de l’hospitalité et que nous pourrons attirer de nouvelles vocations de Frères et de collaborateurs, prêts à servir le bien commun. »

« Nous avons beau développer les technologies les plus sophistiquées, il demeure une question essentielle, fondamentale, intangible : celle de la relation à l’Autre. Celle de la juste relation à l’Autre. Et c’est bien tout le sens de la philosophie de l’hybridation que je forge jour après jour : comment penser une nouvelle éthique de la relation à l’Autre ?

Si, selon les mots de Martin Buber, « l’homme devient je au contact du tu », comment renforcer parmi nos contemporains, et pour les générations à venir, le goût de l’altérité ? Quelle hospitalité sommes-nous prêts à offrir à l’Autre et comment nous préparons-nous à être accueillis?

Il nous faut repenser l’hospitalité comme une métamorphose réciproque impliquant un apprentissage de la part de l’hôte… et de l’hôte.

C’est parce que l’enfant, tout petit, voit ses parents accueillir leurs hôtes, prendre du temps pour eux, leur offrir le meilleur et les honorer – par une série de rituels, de symboles, de conventions sociales qui ont tout simplement codifié l’altruisme, et plus précisément la sollicitude -, que l’enfant, plus tard, saura accueillir ses propres hôtes. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas inviter, qui ne savent ni recevoir ni accueillir et l’on oublie que l’hospitalité nécessite un apprentissage. Et de la même manière qu’accueillir s’apprend, être accueilli s’apprend aussi pour qu’il y ait justement cette métamorphosée réciproque »…

Très honorée d’avoir tenu un enseignement ce matin sur le thème de l’hospitalité lors de la visite canonique provinciale de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu à Paris.

Gabrielle Halpern