Entretien croisé avec Frère Louis Kuyokwa et Frère Donatus Forkan, le plus jeune et le plus âgé des capitulants. Chacun avec sa perspective, ils nous rappellent l’importance d’un engagement authentique et d’un lien fort entre générations pour répondre aux défis du monde actuel.

En quoi ce Chapitre a-t-il enrichi votre vision des réalités de l’Ordre ?

Frère Louis : Ce Chapitre est une expérience riche, notamment grâce aux échanges avec les collaborateurs laïcs qui nous ont rejoints les deux premières semaines. Ensemble, nous avons réfléchi à la transmission de notre charisme dans un monde en pleine mutation. Nos discussions ont été très ouvertes et devraient déboucher sur des résolutions concrètes pour l’avenir de l’Ordre. En tant que jeune frère, je ressens fortement l’importance de cette transmission, autant avec les collaborateurs qu’avec les frères âgés qui nous partagent leurs expériences et leur sagesse.

Frère Donatus : Ce Chapitre est, pour moi, différent des précédents, notamment dans sa façon d’intégrer les collaborateurs. Dans le passé, leur présence était plus symbolique. Cette fois-ci ils ont participé pleinement aux discussions, avec la même voix que les frères. Cette évolution reflète bien notre mission commune, car ce sont de plus en plus souvent les laïcs qui assurent le travail quotidien auprès des malades et des marginalisés. Il y avait une vraie liberté d’expression, essentielle pour réfléchir à notre mission d’hospitalité dans un monde de plus en plus divisé et en souffrance.

Parmi les thèmes majeurs abordés, celui de la gouvernance. Comment aborder un tel thème avec des réalités aussi différentes d’une province à l’autre ?

Frère Louis : Le thème de la gouvernance nous pousse à repenser notre manière de transmettre le charisme et de gérer nos œuvres. Cela a été une bonne expérience de découvrir les réalités européennes, très différentes des nôtres, en Afrique ou en Inde par exemple. Cette dynamique nous pousse à être plus proches les uns des autres. Apprendre des expériences et des défis de chacun est essentiel.

Frère Donatus : La gouvernance a énormément évolué au sein de l’Ordre. Autrefois, notre mode de vie était plutôt monastique, centré sur la communauté. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la continuité de notre charisme, peu importe qui administre. Nous devons préserver l’éthique et la mission de saint Jean de Dieu en trouvant de nouvelles formes de gouvernance qui permette à chacun, frères et collaborateurs, de pérenniser la mission d’hospitalité. Le renouveau initié par le Concile Vatican II nous a enseigné à toujours revenir aux fondamentaux comme les Écritures ou le charisme de nos fondateurs. C’est ce que nous devons faire, au regard des signes des temps, pour rester crédibles.

Quelle est votre vision du rôle du Frère hospitalier, dans un monde en mutation ?

Frère Louis : La différence entre notre vocation de frères et un professionnel est fondamentale. Être frère, ce n’est pas seulement travailler dans un hôpital ou un centre social ; c’est une manière d’être, un témoignage qui doit inspirer les autres. Notre rôle est de transmettre et d’incarner notre charisme d’hospitalité, de façon à ce que nos collaborateurs puissent aussi s’en imprégner.

Frère Donatus : Le rôle du frère a évolué. Aujourd’hui, il est davantage un mentor et un guide, un témoin des valeurs de saint Jean de Dieu. Ce n’est pas tant un rôle de contrôle qu’un rôle d’accompagnement. Nous devons transmettre notre histoire, notre héritage et être une présence prophétique, même dans un environnement difficile. L’hospitalité peut créer des liens là où les différences semblent insurmontables ; elle rend possible ce qui paraissait impossible. Je l’ai vu notamment dans notre hôpital de Nazareth où collaborateurs et patients de toutes religions font un travail extraordinaire avec les frères.

Comment rester fidèle à ce rôle dans un monde où la tentation est davantage tournée vers les « mondanités spirituelles », souvent critiquées par le pape François ?

Frère Louis : En tant que frères, nous sommes privilégiés de vivre quotidiennement au contact des plus vulnérables. Cela nous pousse à voir le Christ à travers eux et à faire de notre vie une prière permanente. La mondanité spirituelle, qu’elle soit due à l’argent, aux biens matériels ou à l’orgueil, est une tentation qui nous guette tous, mais, en plus de rester fidèles à la prière, nous devons nous soutenir mutuellement pour y résister et demeurer fidèles au charisme d’hospitalité.

Frère Donatus : Il nous faut être en permanent renouvellement dans notre vocation, comme nous y a invité le Concile Vatican II. Avant, nous vivions uniquement au travers de règles. Aujourd’hui nous avons un autre mode de fonctionnement qui nous ouvre à plein d’autres possibilités, à condition de nous recentrer sur les Ecritures et l’exemple qui nous a été légué par saint Jean de Dieu. Il suffit de revenir à l’histoire extraordinaire de cet homme, sans-abri marginalisé, rejeté par la société, qui a réalisé une œuvre incroyable en seulement 12 ans, après sa conversion. Il a juste fait ce à quoi Dieu l’appelait.
En ces temps où les valeurs de l’Évangile sont souvent en contradiction avec celles du monde, il est crucial de témoigner d’une foi authentique et de rappeler que notre mission est d’abord de servir ceux qui sont en marge.

La troisième semaine de travail du Chapitre général des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu s’est ouverte ce lundi 28 octobre, à Częstochowa, après un week-end de repos, de rencontres et de visites spirituelles et culturelles. 

Une réflexion stratégique autour de cinq thèmes essentiels

A l’exemple des semaines précédentes, la journée s’est articulée autour de groupes de travail répartis selon cinq thèmes prioritaires : la gouvernance, les « mondanités spirituelles », la formation des frères, leur rôle spécifique, et le soin des frères âgés. Une session plénière dans l’après-midi a permis de réunir les éléments de réflexion et d’engager des échanges autour de chacun des thèmes. 

Gouvernance : trouver des solutions pour pérenniser les œuvres

Concernant la gouvernance, l’objectif est aujourd’hui d’assurer la continuité des œuvres malgré la réduction des effectifs. Frère Joseph Smith, de la province d’Océanie qui a connu l’expérience d’un rapprochement de plusieurs provinces il y a une quinzaine d’années, a pu faire part de son expérience. « Nous avons voulu adapter les structures à nos réalités locales, notamment en créant des partenariats avec les diocèses et des congrégations voisines, pour préserver notre identité malgré la diminution du nombre de frères. » « Bien que ce changement ait demandé de renoncer à certains centres, il a permis aux œuvres de pérenniser et d’ancrer leur mission d’hospitalité. »

« Mondanité spirituelle » : un appel au discernement

Un autre point fort des discussions a porté sur le thème de la « mondanité spirituelle », inspiré par l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium du pape François et d’autres textes récents, qui décrivent la mondanité spirituelle comme « le pire mal pour l’Église ». Les frères se sont interrogés sur la manière de maintenir leur vocation centrée sur les valeurs de l’Évangile, en évitant que des influences extérieures ne les détournent de leurs priorités et de leur mission hospitalière. Pour Frère Donatus Forkan, « il s’agit de l’un des sujets les plus importants que nous allons discuter pendant ce chapitre. Dans notre environnement de travail hybride, nous devons mettre l’accent sur notre propre formation, en particulier celle des plus jeunes, pour regarder notre mission avant tout comme une mission dans le style de saint Jean de Dieu et pas que professionnelle. » 

Le rôle des frères

La vocation du frère dans son ministère auprès des plus fragiles, sa place dans la gestion des œuvres, sa vie spirituelle ou fraternelle ont été au cœur des échanges qui ont suivi. « Il y a nécessité à repenser intégralement l’ensemble de ces aspects pour que chaque frère puisse vivre sa vocation avec joie et conviction », a souligné Frère Emilien. « Il nous faut tendre vers l’exemplarité, en redécouvrant et en incarnant notre vocation, pour redonner vie à notre devise, ‘Par les corps, aux âmes’. Pour cela, il nous faut écouter, accompagner, collaborer, se former et former. »

Vers une déclaration commune : les bases d’un message unifié

Parallèlement à ces discussions thématiques, une équipe de quatre frères et d’un collaborateur a été chargée de synthétiser les travaux des deux semaines précédentes avec les collaborateurs en un message commun. Ce message, qui devra refléter les aspirations et les orientations du Chapitre général, sera une ligne directrice pour l’ensemble de l’Ordre dans les années à venir. Cette démarche illustre l’importance d’une vision unifiée malgré la diversité des situations locales, et souligne la volonté de l’Ordre hospitalier de s’adapter aux défis contemporains sans jamais perdre de vue ses racines spirituelles.

Les discussions et réflexions se poursuivront jusqu’à mercredi, dans un esprit de prière et de discernement, avec pour objectif de tracer un chemin d’espérance pour les années à venir.

4 siècles de chapitres généraux : retour sur un événement majeur pour l’Ordre hospitalier, à l’occasion de son 70e chapitre général.

Ce 25 octobre, la vingtaine de collaborateurs venus des 5 continents ont quitté le Chapitre général des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu, à mi-parcours de l’assemblée. Ces derniers jours ont été consacrés au travail des « orientations » qui guideront l’avenir des établissements de l’Ordre pour ces prochaines années. 

Au cours des jours précédents, les capitulants et les collaborateurs avaient réfléchi ensemble aux questions clés « que nous nous posons » après avoir pris conscience de la réalité actuelle des provinces. Ils ont ensuite analysé « ces réalités que nous comprenons devoir laisser mourir, afin que quelque chose de nouveau puisse naître. » Enfin, ils ont défini quatre grands thèmes principaux qui ont guidé les déclarations finales :

  • La transmission du charisme
  • Les finances
  • La gouvernance
  • Les réalités émergentes

Chaque groupe a travaillé sur deux thèmes. Le second thème a été élaboré à partir de ce que le groupe précédent avait développé, de sorte que les résultats ont été enrichis et approfondis.

Les questions pour chaque thème étaient :

  • Que devons-nous abandonner ?
  • Que devons-nous continuer à faire et renforcer ?
  • Que devons-nous continuer à faire, mais d’une manière différente ?

Partager cela en assemblée a permis de réaliser la richesse des contributions et de nombreuses convergences dans les intuitions et les approches des capitulants. Ces travaux seront désormais regroupés et synthétisés pour pouvoir conclure cette phase d’orientations pour les œuvres apostoliques de l’Ordre. La seconde moitié du Chapitre général sera désormais consacré aux orientations propres à la vie des Frères et des communautés, puis à l’élection du nouveau supérieur général et de son Conseil. 

Le jeudi 24, en fin d’après-midi, tous les Frères et collaborateurs se sont retrouvés pour la célébration de l’Eucharistie pour rendre grâce pour ce temps de travail fructueux. 

Une nouvelle semaine commence. Les participants sont maintenant prêts pour une journée entière de dialogue avec Dieu. « Offrez-vous un moment de silence tout au long de la journée ». À la chapelle, à l’hôtel, dans le parc à l’extérieur… chacun a pu se poser les questions clés : « Quelles sont les questions essentielles soulevées la semaine dernière dont je me souviens ? » ; « Quel impact cela a-t-il sur moi aujourd’hui ? » ; « Que dois-je recueillir pour ouvrir ce corps discernant, afin de comprendre le lâcher-prise nécessaire pour la vitalité de l’Ordre ? »

« Dieu, je viens à Toi avec tous mes espoirs, attentes, désirs et peurs préconçus concernant l’avenir de l’Ordre. Je les dépose devant Toi. S’il te plaît, aide-moi à les laisser de côté, afin que je puisse pleinement m’ouvrir à Ta volonté. Aide-moi à T’écouter, à T’entendre et à faire de la place pour cette vie renouvelée que Tu nous offres, Ordre de Saint Jean de Dieu. Aide-moi à écouter, avec mon cœur, ce qui est véritablement Ta volonté, et aide-moi à reconnaître quand cela pourrait être mon propre ego qui parle, plutôt que Toi. »

En fin de journée, ils ont partagé en petits groupes ce qui a émergé de leur réflexion et dialogue avec Dieu, et se sont ensuite préparé à formuler les phrases clés qui englobent les sentiments et réalisations de chacun.

Le mardi matin, après une prière d’ouverture proposée par la Province indenne, ils se sont rassemblés en groupes élargis à 18 participants, réunissant plusieurs langues dans chacun. Chaque groupe devait choisir 2 phrases qui s’appliqueraient dans leur propre langue. Nous vous les proposons ici :

Groupe 1, Anglais, polonais et vietnamien 

« Répondons avec confiance et courage aux problèmes de ce monde »

«  Adaptons notre modèle de gouvernance pour renforcer et promouvoir notre famille hospitalière »


Groupe 2, en anglais et coréen 

« Fais confiance en moi et n’aies pas peur »

«  Ouvre ton cœur et sois à l’écoute des voix autour de toi »

 

Groupe 3, en allemand, en italien et en polonais 

« Recherchez-moi, hier aujourd’hui et demain et vivez un nouveau commencement »

« Soyons ensemble sur la route, prenez soins les uns des autres et vivez le charisme de l’hospitalité »

 

Groupe 4, en français, anglais, allemand et italien 

« Frères et collaborateurs, ayez foi et confiance. Dans un soutien mutuel, marchez ensemble vers un renouveau ».

« Unissez-vous et n’ayez pas peur de porter sans relâche l’hospitalité aux plus démunis ».

 

Groupe 5, polonais et espagnol

« Dieu nous dit : Ayez confiance en moi, soyez courageux et audacieux pour faire face au changement »

« Je vous envoie, Frères et collaborateurs, pour évangéliser l’hospitalité dans ce monde en mutation »

De ce mardi à vendredi, jour de départ des collaborateurs, les capitulants passent ainsi de « l’appel » à « la décision ».

Jour 1 : « Que ce Chapitre Général soit porteur d’espoir ».

Le mardi 15 octobre, le Frère Jesus Etayo, supérieur général, a déclaré ouvert le 70ème Chapitre général, après une messe d’ouverture inspirante, rassemblant des frères et des collaborateurs de 18 provinces.

Le Frère Franciszek Salezy Chmiel, Supérieur Provincial de la Province de Pologne, a accueilli les capitulants : « Nous sommes ravis de vous accueillir ici, chez la Vierge Noire, qui intercède dans de nombreux miracles. Cela signifie aussi beaucoup pour nos frères en Ukraine. Votre présence est un soutien très important pour eux et pour le peuple ukrainien ».

Jour 2 : Le marché est ouvert !

« Je suis très rassuré de voir que le charisme de Saint Jean de Dieu perdure parmi les Frères ainsi que les collaborateurs. »

En ce deuxième jour du Chapitre général, les participants ont présenté leurs réalisations, ainsi que les défis auxquels ils sont confrontés dans leurs provinces respectives. En résumé, comment le charisme de saint Jean de Dieu s’exprime-t-il, et quelles sont les aspirations ou les questions pour les années à venir ?

Chacune des 18 provinces a eu l’opportunité aujourd’hui d’installer un stand pour présenter leur identité et leurs actions. Chacun a pu partager son histoire, ses projets et des vidéos montrant leurs activités et leur famille hospitalière.

« À la fin de cette journée, je réalise encore plus à quel point l’Ordre est diversifié. Certaines provinces ont des défis similaires à ceux auxquels nous faisons face en Pologne. Mais j’ai aussi vu de l’espoir, car le charisme de Saint Jean de Dieu est très vivant. J’espère que les Frères continueront à transmettre le charisme de SJD. » Collaborateur polonais.

Jour 3 et 4 : Abordons les questions clés auxquelles nous sommes confrontés

« Continuons à nous adapter à ce monde en changement, pour trouver la Lumière qui nous permettra de soutenir notre mission. Nous ne devons pas abandonner, mais continuer à nous ouvrir et à collaborer. » Fr. Jesus Etayo.

En s’appuyant sur des thèmes liés au travail de sensibilisation mené dans les 18 provinces, chacun a eu l’occasion aujourd’hui de réfléchir à cette expérience, de discuter de la réalité de sa province, de partager des questions ou des surprises personnelles, et de poser leurs interrogations. L’objectif était de permettre à chaque participant de mieux saisir le pouls de l’Ordre hospitalier, sa réalité présente et ses évolutions, au-delà de sa propre province et de sa vie quotidienne. Ainsi, dessiner collectivement la réalité de l’Ordre hospitalier au niveau mondial.

« La question des besoins spirituels concerne toutes les provinces. Je crois que la culture spirituelle a un avenir. Les gens font face à diverses difficultés personnelles et spirituelles. On peut se demander comment répondre, mais je pense que l’Ordre hospitalier est bien positionné pour agir à ce sujet. La spiritualité est le fondement de toutes les convictions. »

Les participants descendent progressivement le U dans la méthodologie adoptée pour le Chapitre, afin d’atteindre les questions essentielles qui doivent être abordées durant ce Chapitre.

Après des discussions de groupe et un temps de réflexion fructueux, les participants ont exprimé les questions suivantes à la fin de la journée, catégorisées en trois thèmes non exhaustifs :

  • La mission d’hospitalité (hospitalité régénérative, formation et vocations, notre identité commune, transmission du charisme, vie religieuse…)
  • Gouvernance (stratégie et responsabilité, structures durables pour transmettre notre identité charismatique autour de nous…)
  • Durabilité financière et environnementale (durabilité financière, collecte de fonds, optimisation des ressources, hospitalité durable, réduire notre impact sur l’environnement)

Jour 5 : Que devons-nous laisser mourir pour l’avenir ?

« En vérité, en vérité, je vous le dis,
Si le grain de blé ne tombe pas en terre et ne meurt, il reste seul.
Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » Jean 12:24

Les participants du Chapitre sont revenus sur les questions exprimées la veille, se demandant :

  • En rapport avec ces questions, que ne peut-on plus continuer dans l’Ordre ?
  • Qu’est-ce que nous devrons laisser aller, laisser mourir pour la vitalité de l’Ordre ?
  • Et moi, qu’est-ce que je dois laisser aller, laisser mourir, afin de permettre la kenosis ?

Le matin, les participants ont été accueillis à la chapelle de Jasna Gora pour célébrer l’adoration de la Vierge noire.

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Jour 6 : Excursion à Koszęcin

Une journée pleine de joie offerte par les Frères de la Province de Pologne. Les participants ont eu la chance d’écouter le chœur traditionnel Śląsk, dans le château de Koszęcin qu’ils ont visité, l’un des monuments néoclassiques les plus importants en Pologne.

 

Pour ce deuxième jour du Chapitre général, les participants ont pu montrer les défis qu’ils rencontrent dans leurs provinces respectives.

Ce 15 octobre s’est ouvert le 70ème Chapitre général de l’Ordre hospitalier des Frères de Saint Jean de Dieu à Częstochowa, en Pologne.

Du 15 octobre au 7 novembre prochain, à Częstochowa, en Pologne, se tiendra le 70e Chapitre général des Frères de Saint Jean de Dieu, sur le thème « L’Hospitalité, dans un monde en mutation. » Cette sorte d’assemblée générale des Frères hospitaliers du monde entier, qui se réunit tous les six ans, revêt une importance majeure pour l’Ordre, car il constitue un moment privilégié de discernement, de renouvellement et de prise de décision. Comme lors du précédent chapitre, celui-ci réunira des frères – au nombre de 67, venant des 5 continents – et une vingtaine de laïcs venus de différentes provinces du monde, pour réfléchir aux défis et aux orientations à venir.

Qu’est-ce qu’un Chapitre général ?

Le Chapitre général est le plus haut organe décisionnel de l’Ordre hospitalier. Il a pour rôle de définir les grandes orientations de la mission de Saint Jean de Dieu pour les années à venir. C’est aussi le lieu où se prennent des décisions importantes concernant la gouvernance, les grandes lignes d’actions pour les années à venir, l’organisation de la vie religieuse, et la réélection du supérieur général et de son conseil.

Ce moment de prière et de réflexion collective est profondément ancré dans la spiritualité de l’hospitalité, une valeur centrale de l’Ordre. Les participants auront l’occasion de méditer sur les besoins émergents dans notre monde actuel, tels que les crises écologique et économique, les défis sociaux et sanitaires, et de repenser la manière dont l’Ordre peut répondre à ces enjeux tout en restant fidèle à sa mission première : « Par les corps, aux âmes » (devise de saint Jean de Dieu).

Le chapitre : une étape vers l’avenir

Ce Chapitre général sera non seulement un temps de prise de décision, mais aussi un moment de profond renouveau spirituel pour chaque membre de l’Ordre. Il invitera les frères, les collaborateurs et tous ceux qui sont engagés dans l’œuvre de Saint Jean de Dieu à redécouvrir les racines de leur engagement dans l’hospitalité. Il s’agira aussi de renouveler l’élan missionnaire pour répondre aux besoins des personnes souffrantes et marginalisées, tout en réfléchissant à de nouvelles manières de prendre soin.

Retrouvez les éléments d’organisation de ce chapitre sur le site dédié, ainsi que sur nos réseaux sociaux. Nous le confions également à vos prières !

« Ne cherchons pas de solutions aux problèmes, mais concentrons notre attention sur le discernement de la volonté de Dieu, formulée ici sous la forme du ‘rêve de Dieu’ pour les communautés, les provinces et l’Ordre, à la suite de saint Jean de Dieu ! » (P. Jose Cristo Rey, cfm)

Mihaël, jeune croate de 23 ans, achève ses 2 années de noviciat à Brescia, en Italie. Destiné à devenir Frère de Saint Jean de Dieu pour la province de France, il prononcera ses premiers vœux temporaires en novembre prochain, avant de revenir en France pour son scolasticat, dernière étape de formation avec les vœux définitifs. Rencontre.

Quel est votre parcours ?

Après le lycée et un bref passage à l’université, j’ai découvert la vocation de frère hospitalier qui m’a profondément enthousiasmé ! J’ai d’abord passé 6 mois à Marseille, au Centre Forbin de la Fondation Saint Jean de Dieu, puis 6 mois au Centre du Croisic. Je suis maintenant depuis deux ans au noviciat européen à Brescia.

En quoi consiste cette première étape de formation ?

Le noviciat est la maison de formation des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu. A Brescia, la particularité est que ce noviciat accueille, depuis cinq ans, les jeunes de toutes les provinces d’Europe qui se posent la question de la vocation hospitalière. Chaque novice vient de son propre pays avec son caractère, ses habitudes et sa culture, et la formation consiste à nous apprendre à vivre ensemble, en vue de notre mission finale qui est le service des plus petits. C’est pourquoi cette première étape de formation met l’accent sur l’apprentissage de la vie communautaire et sur l’apostolat, par un temps de service au sein d’un hôpital psychiatrique ou dans un centre pour sans-abris tenus par les frères. Nous voyageons aussi pas mal pour découvrir d’autres centres de l’Ordre et acquérir de nouvelles expériences ! Au noviciat, nous apprenons en théorie comme en pratique les vœux religieux des Frères de Saint Jean de Dieu : chasteté, obéissance, pauvreté et hospitalité.

Après ces 2 années de formation, comment avez-vous perçu ce temps avec d’autres novices européens ?

Vivre en fraternité, c’est beau sur le papier, mais ce n’est pas évident dans la réalité ! C’est un apprentissage du quotidien qui m’aide à mieux me connaître moi-même et à remettre en question mes façons de faire. Parfois, il nous arrive de faire le bien ou le mal sans même nous en rendre compte, cela fait partie de nos habitudes, de notre disposition naturelle… Les autres peuvent donc nous aider à discerner cela, et bien qu’ils ne soient pas un critère de jugement pour moi, ils m’aident à corriger une image déformée que j’ai peut-être de moi-même. Et puis, l’environnement international apporte ses avantages et ses défis supplémentaires. Ne pas connaître la langue des autres peut nous limiter sous certains aspects, et le décalage culturel peut causer des frustrations, surtout au début, mais tout cela élargit nos horizons. Les circonstances historiques ont également influencé le développement de différentes approches de la spiritualité dans chaque pays. Depuis les temps apostoliques, l’Église a toujours eu un caractère international, et cela prend encore plus d’importance dans le contexte actuel de grande mondialisation.

Quels sont les axes de formation qui sont développés au noviciat ?

On commence par les valeurs humaines fondamentales, comme le sens de la justice, le travail, la prudence, la modération. Ce n’est que lorsque nous sommes bien ancrés en tant qu’êtres humains, hommes et femmes, que nous pouvons être de bons chrétiens. L’Evangile n’enlève rien à l’humanité, mais il ajoute aux aspects humains les mystères de la foi, pour que nous vivions dans la joie de l’espérance, et pour que nous perfectionnions notre amour pour Dieu et pour notre prochain. Dans notre Ordre, la sensibilité aux personnes vulnérables est très importante.

Quel meilleur souvenir gardez-vous de ce passage au noviciat de Brescia ?

Avant d’entrer au noviciat, j’étais assez scrupuleux, et pas toujours dans le bon sens du terme. Le noviciat m’a aidé à m’assouplir avec un esprit filial et l’envie de faire la volonté de Dieu avant tout. Après tout, Jésus dans l’Évangile a souvent adressé cette mise en garde aux pharisiens. Mon plus beau souvenir sera donc ce doux goût de la liberté des enfants de Dieu.

Quel bilan tirez-vous de ce temps de noviciat ?

En Europe, de moins en moins de jeunes choisissent de s’engager, que ce soit par le mariage, ou la vocation, qu’elle soit sacerdotale ou religieuse. Dans le monde hospitalier, les débats sur les questions de bioéthique se multiplient. Vivre en communauté avec des frères en Christ, d’âges et d’origines différents, qui partagent la même préoccupation pour les plus fragiles à l’exemple de saint Jean de Dieu, m’offre une perspective et me donne l’espoir que le bien finira par triompher !

Dans quel état d’esprit arrivez-vous en France et quelle sera votre mission ?

J’arrive plein d’énergie et prêt à me mettre au service là où la Providence me guidera ! A priori je serai à cheval entre les études et un service simple en milieu hospitalier, comme brancardier par exemple. Mais pour l’instant, je ne m’en soucie pas trop, l’important est d’apporter la joie et l’espoir là où nous sommes semés, même si ce n’est pas toujours facile !