À l’approche de Noël, nous sommes invités à faire une pause. Non pour se soustraire aux réalités parfois lourdes du monde, mais pour les regarder autrement, à la lumière de l’Enfant de la crèche. Dans ce temps de l’Incarnation, Dieu se fait proche : proche des pauvres, des malades, des oubliés, de toutes celles et ceux dont la fragilité appelle une présence aimante.

Dans sa lettre de Noël adressée à l’ensemble de la Famille hospitalière, Frère Pascal Ahodegnon, Supérieur général, rappelle que cette fête « nous offre une nouvelle occasion de nous sentir davantage famille et davantage unis, afin de raviver dans la foi notre mission apostolique hospitalière au service des pauvres et des malades ». Il souligne avec force combien notre condition humaine nous rend conscients de notre fragilité commune, et combien nous avons besoin de « retrouver de nouvelles énergies de vie » pour témoigner d’une foi « enracinée dans l’espérance et vécue dans la charité ».

Noël, écrit-il, n’est ni un conte ni une simple émotion passagère. Il est l’annonce bouleversante d’un Dieu qui prend le monde au sérieux :

« Dieu entre dans le monde non pour le dominer, mais pour le sauver. Il entre dans le monde non pour le posséder, mais pour l’aimer ».

Cette certitude nourrit notre espérance. Face aux épreuves, aux désarrois et aux souffrances, le Supérieur général invite chacun à ne pas céder au découragement :

« Nous sommes nés dans l’Espérance. Une espérance qui n’est pas naïveté, mais force intérieure, semblable à un remède efficace et approprié pour une bonne guérison. À la suite du Christ, Prince de la paix, la Famille hospitalière est appelée à proposer une expérience de vie nouvelle, capable d’ouvrir des chemins là où tout semble fermé. »

Cet appel trouve un écho profond dans la lettre provinciale de Frère Paul-Marie Taufana, Supérieur provincial de France et de l’Océan indien. En méditant le mystère de la crèche, il invite à un geste spirituel audacieux : « ne pas seulement lever les yeux vers la lumière de l’étoile, mais oser les baisser vers la paille ». « Dieu se met à la merci de l’homme, écrit-il, pour que personne n’ait peur de s’approcher de Lui. »

En ce Noël 2025, la province de France rend grâce pour les nombreux signes d’espérance vécus au cours de l’année : engagements de nouveaux Frères, mise en place de projets au service des plus vulnérables, fidélité quotidienne de chacun, souvent discrète mais essentielle. Autant de « fragments d’Évangile », comme le rappelle Frère Paul-Marie, qui manifestent que l’hospitalité de saint Jean de Dieu continue d’être vivante aujourd’hui, par les mains des Frères, collaborateurs, bénévoles et bienfaiteurs, auprès de ceux que la vie a blessés.

Alors que s’ouvre déjà l’année 2026 et que se profile le 105ᵉ Chapitre provincial, ce temps de Noël invite chacun à raviver la flamme : prendre soin de sa vocation, cultiver la proximité avec les plus fragiles, et laisser l’espérance irriguer toute la Famille hospitalière. Comme le rappelle Frère Pascal Ahodegnon, « en accueillant la nouveauté de Dieu, nous accueillons un signe de bien et de paix pour chaque homme ».

« Que la fragilité de l’Enfant Jésus devienne notre force, que sa douceur inspire notre manière d’être présents aux plus oubliés, et que l’hospitalité, vécue jour après jour, demeure le visage concret de l’amour de Dieu dans notre monde. »

Après plusieurs mois à terre, leur permettant de rendre visite aux centres de Dinan / Saint-Brieuc et du Croisic, Valentin, Flore et Anna, nos Messagers de l’Hospitalité, ont repris la mer ce 3 décembre avec Malo d’Eau leur bateau, depuis la Gambie. Direction Bélem au Brésil ou Trinidad-et-Tobago… Dans les deux cas, la traversée durera environ 20 jours et ils devraient toucher terre avant Noël. Retour sur une dernière visite aux résidents du Centre du Croisic, en attendant des nouvelles de leur traversée ! 

Le Croisic, 9 octobre 2025

« Chère Marie-Françoise. Me voilà bien arrivée chez moi. Merci pour votre accueil et nos beaux échanges avec les résidents aujourd’hui… ils viennent gonfler les voiles de Malo d’eau pour notre traversée… Chaque visite au centre du Croisic me convainc que sans l’hospitalité, un tel voyage aurait bien peu de saveur. Avec toute mon admiration et mon affection. A très bientôt. Flore. »
Envoyé à 20h55

« Une merveilleuse journée comme nous les aimons tant », me répond Marie-Françoise.

Au retour de ma visite au centre médico-social du Croisic, ces mots résonnent fort dans mon cœur rempli par cette journée aux saveurs d’aventure et de fraternité. L’aventure de nombreuses vies ; celles des résidents du Croisic qui, avec Benoit, Marie Françoise et les Frères, m’ont raconté leur année et les nombreux événements qui s’y sont passés.

Des larmes de joie

Les sourires défilent sur le grand écran de la salle Oasis. Je prends à mon tour le micro pour leur raconter notre hiver en bateau sur Malo d’Eau : du Sénégal au Cap Vert en passant par la Guinée Bissau avant de retourner en Gambie. Ces paysages et leurs visages sont presque familiers pour tous ceux qui nous ont suivi en visio sur le bateau. Nous partageons un goûter et un jus de bissap, bien connu de Abdu, un résident originaire de Thiès, au Sénégal, où nous avons visité les Frères cet hiver. Nous clôturons cette belle après-midi avec ceux qui le souhaitent par une discussion profonde et animée autour du thème de l’hospitalité.

Quelques chants accompagnés à la guitare par Frère Jean-Marie font couler des larmes de joie. Et toujours cette spontanéité déroutante qui me laisse percevoir en chacun d’eux un vrai sens de l’hospitalité. Je repars escortée par Sylvie jusqu’à ma voiture, aussi bien entourée que je l’ai été accueillie le midi dans le hall d’entrée, qui m’est devenu maintenant familier. Le cœur rempli. Quelques kilos de sourires et d’amitié à rajouter dans nos valises cette année. Valentin est alors embarqué sur le Belem comme lieutenant et il nous a fallu patienter jusqu’au 17 novembre pour retrouver Malo d’Eau, toujours à flots, en Gambie. Nous voilà désormais partis pour traverser l’Océan Atlantique. 20 jours de mer devraient nous permettre de rejoindre l’autre côté.

Départ le 3 décembre 2025

L’équipage s’active à bord. Il faut vérifier l’état du gréement, monter au mât pour y passer quelques câbles, gratter la coque pour ne pas être ralentis par la culture d’algues qui s’est formée pendant notre absence, réparer les fuites, remplir les réservoirs d’eau à coup de nombreux bidons, faire l’inventaire des placards et s’assurer de pouvoir nourrir les troupes pendant trois semaines. Sans oublier la crèche en papier et quelques décorations de Noël pour illuminer notre traversée. Si tout se passe bien, nous devrions toucher terre la veille de la Nativité. Reste à savoir vers quel cap nous allons pointer notre étrave. Nous attendons le planning 2026 de Valentin pour envisager ou non une escale à Belém, au Brésil. Un voyage nous invite toujours à l’abandon, et bien que ponctuée d’incertitudes, le soleil se lèvera toujours du même côté pendant notre traversée.

➡️Vous pouvez suivre la traversée de l’Atlantique de nos Messagers de l’Hospitalité en direct ! 

 

L’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu a inauguré, ce samedi 22 novembre à Antananarivo, le centre maternel et infantile Refuge bienheureuse Victoire Rasoamanarivo. Une maison destinée aux femmes seules et à leurs enfants en grande précarité, bénie par le nonce apostolique à Madagascar, en présence d’autorités civiles et religieuses venues saluer cette nouvelle œuvre d’hospitalité au service des plus fragiles.

Une inauguration marquée par une forte mobilisation

Dans le quartier de Marohoho, une foule nombreuse s’est rassemblée en ce samedi matin devant le Centre maternel et infantile, sous un temps clément malgré la saison des pluies. Construit en face du dispensaire des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu fondé il y a vingt ans dans un quartier pauvre de la capitale, cette nouvelle œuvre incarne le rôle de l’Eglise auprès des plus vulnérables, dans un pays marqué des difficultés sociales et politiques.

La cérémonie s’est déroulée en présence du nonce apostolique à Madagascar, Mgr Tomasz Grysa, du supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, du supérieur provincial de France et de l’Océan Indien, ainsi que de nombreux prêtres du diocèses et de sœurs de congrégations amies et partenaires de l’Ordre hospitalier dans l’Océan indien.

La maire d’Antananarivo, Harilala Ramanantsoa, a tenu à être présente et a exprimé sa joie de voir un établissement d’une telle importance ouvrir dans la capitale malgache. Le secrétaire général du ministère de la Population, représentant la ministre, a pour sa part encouragé l’Ordre hospitalier à poursuivre le développement de ses œuvres, l’assurant de son soutien.

« Vous n’êtes plus seules » : un refuge né d’une rencontre bouleversante

À l’origine du centre, l’intuition de Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial de France et de l’Océan indien :

« Je revois cette mère épuisée posant ses deux bébés sur le sol froid d’un tunnel d’Antananarivo pour mendier quelques grains de riz ou quelques ariary. Son regard m’a bouleversé. »

Face à cette scène, il dit avoir entendu l’appel de saint Jean de Dieu :

« Faites-vous du bien, mes frères, en faisant le bien ! »

De ce choc est né un projet simple et radical : créer un lieu où des femmes victimes de violence, d’abandon ou d’extrême pauvreté puissent retrouver sécurité, accompagnement et dignité.

Une mission séculaire au cœur des fragilités d’aujourd’hui

Dans son discours, le supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, Frère Pascal Ahodegnon, a replacé l’inauguration dans la continuité d’une longue histoire :

« Depuis plus de cinq siècles, l’Ordre hospitalier marche aux côtés des pauvres, des malades, des oubliés de l’histoire. »

Il a décrit le nouveau centre comme une œuvre inspirée de l’Évangile :

« Ce Refuge n’est pas simplement une réalisation humaine. Il est une parabole vivante, écrite avec des vies transformées. »

Ouvrir un chemin d’espérance

Dans son homélie, le nonce apostolique a remercié les Frères hospitaliers pour cette nouvelle œuvre de charité :

« Elle témoigne de votre engagement pour la dignité, la solidarité et l’espérance pour les mères et leurs enfants. »

Pour lui, l’ouverture de ce refuge est un signe concret que l’Église choisit de se tenir là où les blessures humaines sont les plus lourdes, afin d’ouvrir un chemin d’espérance. S’adressant plus spécifiquement aux femmes, il a conclu en leur adressant cet appel :

« Chères femmes, sentez-vous pleinement reconnues dans votre dignité et dans vos responsabilités de chrétiennes ! N’hésitez pas à apporter votre contribution spécifique à l’évangélisation. Votre aptitude à l’accueil de la Parole de Dieu et à la transmission de la foi, la qualité de votre sens moral, votre sensibilité particulière pour la dignité de l’être humain sont des biens irremplaçables pour l’Eglise. »

La bienheureuse Victoire Rasoamanarivo, patronne d’un lieu de relèvement

Le centre porte le nom de Victoire Rasoamanarivo, première bienheureuse malgache, dont la foi, la fidélité et la charité ont marqué l’histoire du pays.

Le supérieur général de l’Ordre hospitalier a invoqué sa figure comme une présence maternelle pour toutes celles qui viendront ici et comme l’incarnation même de l’œuvre de l’Eglise auprès des plus fragiles :

« Qu’elle veille sur cette maison ; qu’elle en garde l’audace, la bonté et l’humanité. (…) Dans un monde traversé par des tensions sociales, politiques et économiques, l’Église ne renonce pas. Elle reste une présence de paix, de consolation et d’humanité. »

Un centre pour accueillir, protéger, reconstruire

Le Refuge bienheureuse Victoire a été conçu comme un lieu de vie et de renaissance. Il proposera notamment :

  • un accueil d’urgence pour les femmes en détresse ;

  • un accompagnement social, psychologique et juridique ;

  • une prise en charge maternelle et infantile ;

  • des programmes de formation, réinsertion et autonomisation.

A Antananarivo, plus de 5000 personnes vivent dans la rue, dont de nombreuses femmes et enfants. Face à l’absence de structures adaptées, ce nouveau Centre maternel et infantile – qui accueillera ses premiers bénéficiaires le 8 mars 2026, jour de la fête de saint Jean de Dieu et journée internationale des femmes – veut apporter une réponse humaine et durable à cette urgence sociale. Le centre accueillera à terme jusqu’à 30 personnes pour des séjours de 6 à 12 mois, selon les besoins.

📷 Retrouvez les photos de l’événement sur nos réseaux sociaux ! 

Qui était la bienheureuse Victoire Rasoamanarivo ?

Victoire Rasoamanarivo (1848–1894) est la première Malgache reconnue bienheureuse par l’Église catholique. Figure emblématique de foi, de courage et de fidélité, cette laïque a traversé une période marquée par de fortes tensions sociales et politiques à Madagascar. Son témoignage a laissé une empreinte profonde dans la vie spirituelle du pays.

Femme d’une grande douceur et d’une détermination remarquable, elle s’est engagée auprès des plus pauvres et des malades, visitant et soutenant les plus vulnérables à une époque où beaucoup étaient abandonnés. Son calme, sa prudence et sa charité en ont fait un repère moral au sein de la société malgache.

Durant les conflits politiques de la fin du XIXe siècle, Victoire Rasoamanarivo s’est notamment illustrée par son rôle de médiatrice et de protectrice. Elle est devenue un signe d’espérance, de paix et de résilience pour son peuple.

Sa béatification par saint Jean-Paul II a confirmé la portée universelle de sa vie : une femme capable de tenir debout dans l’épreuve, d’aimer sans condition et de porter les plus fragiles avec une constance exceptionnelle. Aujourd’hui encore, elle demeure une figure inspirante pour Madagascar et tout particulièrement pour le nouveau Centre maternel et infantile qui a été mis sous son patronage.

Un an après l’élection du nouveau gouvernement général, le supérieur général de l’Ordre hospitalier, Frère Pascal Ahodegnon, adresse un message fraternel à toute la Famille hospitalière à l’occasion de la solennité de la bienheureuse Vierge Marie, patronne de l’Ordre, célébrée le 15 novembre.

Dans cette lettre écrite depuis la Nocetta, siège de la Curie générale à Rome, Frère Pascal invite les Frères, collaborateurs et membres de la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu à tourner leur regard vers Marie, “notre Espérance, Mère et Maîtresse de l’Hospitalité”. S’inspirant d’une catéchèse du pape François, il rappelle que Marie n’est pas une femme qui se laisse abattre par l’épreuve, mais une femme qui écoute, qui accueille la vie telle qu’elle vient, avec ses joies et ses difficultés, et qui nous apprend à marcher dans la confiance.

Ce message prend une résonance particulière dans le contexte actuel de transformation que traverse l’Ordre. Frère Pascal, qui a été élu supérieur général de l’Ordre il y a tout juste un an, évoque les défis d’aujourd’hui comme l’“enfantement d’une nouveauté”, un passage qui appelle à la foi, à l’espérance et à la disponibilité du cœur :

“Nous voulons apprendre de Marie à prononcer des ‘oui’ pleins, décidés et inconditionnels à ce que le Seigneur est en train de créer de nouveau et de beau dans notre Ordre.”

À travers la figure de la Vierge Marie et l’exemple de Saint Jean de Dieu, Frère Pascal nous invite à redevenir « des témoins crédibles de l’espérance, capables de manifester la bonté, la beauté et la tendresse de Dieu auprès des plus fragiles. »

➡️ Lire la lettre complète

Il y a un an, la province de France de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu lançait un appel à la solidarité pour venir en aide à la communauté des Frères hospitaliers touchée par la guerre en Ukraine. Grâce aux dons recueillis en France, plus de 12 000 euros ont pu être envoyés aux frères de Drohobych, dans l’ouest du pays.

Ce soutien a permis d’acheter près de 12 tonnes de denrées alimentaires et de médicaments, distribués à près de 1 900 personnes, parmi lesquelles des familles réfugiées et des habitants durement affectés par le conflit.

Dans une lettre adressée aux donateurs que nous reproduisons ci-dessous, Frère Wawrzyniec Iwańczuk, prieur de la communauté, exprime sa profonde gratitude au nom des frères et des collaborateurs du centre d’aide sociale de Drohobych.

« Au nom des Frères de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu et de nos Collaborateurs qui gèrent la mission de Drohobych, en Ukraine, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude envers vous et vos bienfaiteurs pour la collecte de fonds au profit de nos bénéficiaires en Ukraine.

À la suite de votre aide monétaire de 12 000 euros, nous avons réussi à acquérir au total 11 797,5 kg de provisions alimentaires (telles que la farine, le sucre, l’huile, le sarrasin, les pâtes et le riz) ainsi que des médicaments. Entre mars et juillet, 1873 personnes ont été soutenues grâce à des provisions alimentaires gratuites, provenant de la région de Drohobych et de réfugiés fuyant la guerre en Ukraine de l’Est. De plus, 827 personnes souffrantes ont eu accès à des médicaments.

Votre don a été une aide inestimable pour nous. Grâce à votre engagement à aider les malades, les pauvres et les personnes qui souffrent, y compris à cause de la guerre, nous avons pu leur fournir au moins partiellement les moyens de subsistance de base.

« Toutes vos bonnes actions sont inscrites dans le livre de vie », disait saint Jean de Dieu. Que Dieu vous comble de ses grâces pour tout le bien que vous avez fait, dont nous avons également bénéficié. Nous vous recommandons à Notre-Dame de la Guérison des Malades et à la Patronne de notre Ordre.
Je vous bénis de tout mon coeur +. »

« Le Seigneur les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » Ce verset de l’Évangile, lu le dimanche 6 juillet dernier, a pris chair l’après-midi même lorsque deux jeunes Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu ont été envoyés depuis Paris au Sénégal. Un duo inattendu : Frère Romuald (Malgache) et Frère Mihaël (Croate), étudiants à Paris depuis un an, qui ont passé leurs vacances d’été sur le terrain missionnaire et qui reviennent pour nous sur cette expérience marquante.

Bien sûr, il y a eu l’émerveillement du voyage et des paysages grandioses d’Afrique. Mais plus encore, une immersion dans la vie quotidienne et les rencontres. « Au-delà de la découverte du thiéboudiène nourrissant (spécialité sénégalaise) et des mangues fraîches délicieuses, l’essentiel de notre mission s’est vécu dans les échanges et les rencontres avec les gens, les frères, les collaborateurs et tous ceux qui font la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu au Sénégal. »

Le Sénégal porte la marque de la Teranga, ce mot wolof qui désigne l’hospitalité. « Elle se vit jusque dans les gestes simples. Par exemple, lorsqu’on envoie un plat à un voisin, il ne revient jamais vide : on y ajoute toujours un fruit, un peu de sucre, un signe d’amitié. »

L’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu y est présent depuis cinquante ans : certains frères sont infirmiers, médecins anesthésistes, engagés aussi bien au bloc opératoire qu’aux urgences. Mais leur priorité demeure la santé mentale et l’accompagnement des personnes dépendantes. À Thiès, Fatick et Nguékhokh, ils ouvrent chaque jour leurs portes, et chaque samedi, des campagnes de sensibilisation à la maladie psychiatrique sont organisées dans les villages éloignés. « Nous avons vu des médecins, frères et laïcs, partir à l’aube, jeûner de leur repas de midi pour consulter jusqu’au soir parfois plus de 150 malades. Leur dévouement nous a profondément émus, mais nous étions aussi attristés par la grande détresse que nous avons rencontrée. »

En effet, faute de connaissance dans le domaine de la psychiatrie, beaucoup de familles consultent d’abord des charlatans qui proposent, souvent très cher, des méthodes inefficaces, voire violentes. « Le besoin de soins véritables est immense en psychiatrie », constatent les deux frères.

« Les Sénégalais nous ont accueillis avec une générosité qui nous servira d’exemple : une hospitalité que nous espérons transmettre à notre tour. Notre seul regret : que ce séjour, si riche, soit passé trop vite ! »

Huit étudiants, engagés comme routiers dans le mouvement des Scouts unitaires de France, est parti du 14 au 24 août en mission auprès des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu du Sénégal. Ces routiers, à l’instar des Messagers de l’hospitalité, ont vécu une mission de « bâtisseurs de fraternité », en rejoignant la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu. Témoignage. 

Nous sommes le Clan 194 Saint Thomas More du Groupe Bon Pasteur, associé à la paroisse Saint Pierre du Gros Caillou dans le 7e arrondissement de Paris.
Tout d’abord, un clan, c’est la continuité du scoutisme pour des jeunes de 18 à 25 ans. Nous sommes 8 étudiants, engagés comme routiers dans le mouvement Scouts Unitaires de France. La “Route” est un temps de construction personnelle et spirituelle, nourrie par le service, la prière et l’aventure (nos trois piliers). Elle nous aide à grandir et à devenir des hommes au service des autres, selon notre devise : “Servir”.
Chaque été, un clan organise un camp de 1 à 3 semaines, souvent orienté vers un service humanitaire, en France ou à l’étranger. Cette année, après mûre réflexion, nous avons choisi de partir au Sénégal, à Thiès et Fatick, pour vivre une expérience de mission et de rencontre au sein de l’hôpital psychiatrique Saint Jean de Dieu.
Pourquoi ce lieu ? Parce qu’il incarne un engagement profond auprès des plus fragiles, au sein d’un service de santé mentale en Afrique de l’Ouest, et qui porte le nom et les valeurs de votre congrégation : Saint Jean de Dieu. Nous y serons accueillis pour un peu moins de deux semaines, afin d’aider à l’entretien et la rénovation ainsi que d’accompagner les équipes dans leurs tâches quotidiennes ! Toujours dans le respect du cadre médical, bien sûr.
Ce projet, nous l’avons voulu exigeant, à notre mesure et entièrement autofinancé. Pour cela, nous avons travaillé toute l’année : services de jardinage, déménagements, service dans des événements, encadrements de camps d’enfants, rémunérés. Tous ces efforts ont permis de financer nos billets et nos 4 jours d’aventure à la fin de notre camp où nous avons marché et découvert ce merveilleux pays !
Ce camp, c’était aussi une démarche spirituelle : se mettre au service des plus pauvre et vivre la charité. Nous sommes très heureux d’avoir pu partir à la rencontre des Frères de Saint Jean de Dieu de Thiès, et nous espérons avoir été à la hauteur de la confiance qu’ils nous ont accordée.
À notre retour, nous aurons à coeur de partager cette expérience et de poursuivre notre engagement là où nous vivons, transformés par ce que nous avons vu, compris et servi.

« Ensemble, semeurs d’une hospitalité qui transforme » – c’est par ces mots que Frère Pascal Ahodegnon, Supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, a conclu la Visite canonique générale de la Province Saint Jean-Baptiste. Durant un mois, les Frères Joaquim et Étienne, tous deux conseillers généraux, ont sillonné la France métropolitaine et l’Océan indien, à la rencontre des établissements de la Fondation Saint Jean de Dieu et des communautés.

La clôture, qui s’est tenue les 3 et 4 juillet 2025 au Centre Lecourbe à Paris, a rassemblé plus de 80 participants : frères, sœurs, collaborateurs et bénévoles venus de toute la province, avec de nombreux collaborateurs et frères connectés en visio depuis l’Ile Maurice, La Réunion ou encore Madagascar.

Une hospitalité incarnée, inventive, vivante

Frère Pascal Ahodegnon l’a souligné avec force : « Ce que j’ai entendu, ce sont des témoignages forts d’une hospitalité fraternelle […] enracinée, inventive, vivante. » À travers les rapports remis et les échanges menés sur place, il a salué les nombreuses initiatives portées localement : démarches RSE, implication de jeunes volontaires, ateliers de médiation culturelle, accueil inconditionnel des personnes les plus vulnérables…

« Vos lieux de mission sont des espaces où l’humanité est restaurée, où chacun retrouve sa dignité », a confirmé Frère Étienne, revenu marqué de sa tournée à Madagascar, La Réunion et l’île Maurice. Il y a vu une hospitalité agissante, portée par des frères et des collaborateurs unis dans un esprit de coresponsabilité.

Une mission partagée, une fraternité renouvelée

Par-delà les constats d’une province vivante, la Visite canonique a aussi été l’occasion d’un appel : appel à une gouvernance partagée, à une écoute active, à un renouvellement du lien entre frères et laïcs. Frère Joaquim, qui a visité les établissements en métropole, a salué le dynamisme de la Fondation Saint Jean de Dieu : « Une structure en pleine vitalité, capable d’accueillir d’autres congrégations et de continuer à innover dans l’accompagnement des plus fragiles. »

Il a appelé à faire de l’hospitalité plus qu’un geste : une culture institutionnelle. « Il ne s’agit pas de “faire” de l’hospitalité, mais d’être hospitaliers. »

Une province unie et confiante

En ouverture de la session finale, Frère Paul-Marie Taufana, Supérieur provincial, a remercié l’ensemble des acteurs de cette Visite canonique pour leur engagement et leur accueil : « Religieux, laïcs, partenaires, résidents, bénévoles, donateurs : nous avançons unis. L’hospitalité est notre force, elle est notre avenir. Elle nous rassemble, nous engage et nous définit. » Ce moment fort a été salué comme une étape vers une hospitalité toujours plus ouverte et plus audacieuse. Frère Paul-Marie a également souligné le rôle crucial des équipes locales et des communautés dans l’incarnation quotidienne du charisme légué par saint Jean de Dieu.

Une étape vers le prochain Chapitre

Tous les intervenants ont convergé vers une même conviction : cette visite n’est pas une fin, mais un commencement. En ligne de mire : le 105ᵉ Chapitre provincial, en février 2026. « Ce ne sera pas une simple formalité, a rappelé Frère Pascal, mais un kairos – un temps de vérité, de discernement et de responsabilité partagée. » L’occasion, pour la Province, de repenser sa mission, sa présence, sa manière d’habiter le monde.

Une gratitude partagée

En clôture des discours et avant que les participants ne se retrouvent pour célébrer l’eucharistie ensemble, les remerciements ont été nombreux : à Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial, pour son accompagnement. Aux équipes dirigeantes, aux bénévoles, aux frères aînés « veilleurs silencieux », et à tous ceux qui portent le charisme de saint Jean de Dieu dans l’ombre du quotidien.

« Vous êtes les mains visibles du charisme, les visages quotidiens de l’hospitalité », a rappelé Frère Étienne. Et Frère Pascal de conclure : « Que nos établissements soient des maisons de compassion. Que nos communautés soient des lieux de discernement. Et que notre mission, vécue ensemble, soit habitée par une joie contagieuse et une espérance active. »

Retrouvez les discours dans leur intégralité à ces liens : 

👉 Discours d’ouverture de la session finale (Frère Paul-Marie Taufana)

👉 Discours de clôture générale (Frère Pascal Ahodegnon)

👉 Rapport final France (Frère Joaquim Erra Mas)

👉 Rapport final Océan indien (Frère Etienne)

Frère Michel Le Houérou est décédé le dimanche 15 juin alors qu’il avait rejoint la communauté de Paris depuis quelques semaines. Ses obsèques ont été célébrées ce mercredi dans la chapelle du Centre Lecourbe, en présence de sa famille, de nombreux amis, religieux, religieuses, bénévoles et collaborateurs.

« Frère Michel a vécu parmi nous une vie d’une simplicité évangélique, d’une fidélité discrète et d’un service humble », a rappelé Frère Paul-Marie Taufana, le supérieur provincial, au cours de la célébration. « Sans éclat mondain, sa vie était pourtant illuminée par la lumière de Dieu : un amour vrai, quotidien et incarné. »

Un parcours de fidélité et de fraternité

Entré chez les Frères de Saint Jean de Dieu en 1974, Michel Le Houérou a été ordonné prêtre en 1993, prolongeant ainsi naturellement sa vocation hospitalière, dans une manière d’être « sans bruit, mais profondément habitée », à l’image d’un homme qui fut « prêtre comme on est frère, et frère comme on est prêtre. »

Tout au long de sa vie religieuse, il a incarné cette présence discrète et aimante dans différents centres Saint Jean de Dieu de la province, de Marseille à Dinan, en passant par Paris et Le Croisic. « Il ne cherchait pas à se mettre en avant, mais à s’effacer pour mieux servir. Chaque geste devenait un Évangile vécu », a rappelé Frère Paul-Marie.

Une invitation à aimer, servir, espérer

La maladie a emporté Frère Michel en l’espace de deux mois. Après un temps de révolte, peu à peu une autre parole a germé en lui, plus douce, plus profonde : « Je vais rencontrer Celui que j’ai servi », confiait-il.

« Frère Michel nous laisse en héritage un chemin d’un amour discret, d’un service joyeux, d’une fraternité incarnée », a conclu le supérieur provincial. « Que ton souvenir demeure en nous comme une invitation à aimer, servir, espérer. »

Du 6 juin au 4 juillet, la province de France a la joie d’accueillir la visite canonique générale de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu. Tous les six ans, cette visite – prévue par les Constitutions de l’Ordre – est un temps fort de fraternité, d’écoute et de discernement. Deux conseillers généraux, délégués par le supérieur général, vont parcourir les communautés et établissements de la province, en métropole comme dans l’Océan Indien, pour vivre un véritable pèlerinage de la rencontre.

« Ce temps n’est pas d’abord un contrôle administratif ou une obligation canonique, mais une visite fraternelle et spirituelle, un moment de grâce pour toute la Famille hospitalière », souligne Frère Paul-Marie, supérieur provincial.

Un temps de vérité et d’espérance

La visite canonique vise à « connaître de près la réalité de la vie de l’Ordre dans chaque lieu, comme le rappelle Frère Pascal Ahodegnon dans sa lettre de mission. Elle permet de relire ensemble nos engagements, nos élans comme nos fatigues, et d’éclairer l’avenir à la lumière de l’Esprit. Elle s’appuie sur l’écoute bienveillante, la prière, le dialogue, et la participation de tous – frères, collaborateurs et membres de la Famille hospitalière. »

Un moment pour se questionner

Dans un monde en mutation, marqué par la précarité, l’isolement ou encore les défis migratoires, la fidélité au charisme de Saint Jean de Dieu invite à « reconnaître les cris du monde et y répondre avec audace et fraternité ». Cette visite est l’occasion de se laisser rejoindre, en vérité, et de raviver ensemble l’élan de l’hospitalité.

Une dynamique pour se mettre à l’écoute

Concrètement, la visite s’articule en plusieurs étapes dans chaque région de la province qui seront visitées par deux conseillers généraux mandatés par le supérieur général, Frère Joaquim Erra i Mas pour la France, et par Frère Etienne Sene pour l’Océan indien :

  • un temps personnel d’échange avec chaque frère,

  • une rencontre communautaire autour des orientations du Chapitre général,

  • une rencontre avec les directions, collaborateurs et résidents d’un centre par région,
  • et, après les visites, la définition d’orientations concrètes en vue du prochain Chapitre provincial qui aura lieu début 2026.

« Il s’agira notamment de réfléchir, avec lucidité et espérance, à l’avenir de notre présence dans l’Océan Indien, en lien avec la Province de France. » Frère Paul-Marie

Une invitation à la communion

La visite canonique n’est pas un simple événement institutionnel : elle est un appel à la communion entre tous les membres de la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu. « Une chance d’oser la fraternité dans nos différences, pour porter ensemble le souffle de l’hospitalité là où l’Esprit nous précède. »