L’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu se mobilise en Espagne auprès des victimes des récentes inondations à Valence. La province espagnole a lancé le mouvement Sant Joan de Déu Valencia pour coordonner la réponse apportée par l’Ordre aux besoins des personnes touchées par les inondations causées par la tempête Dana.

Face à la tragédie que vit l’Espagne en raison des effets de la récente tempête Dana, l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu est très rapidement intervenu à Valence et dans toutes les communes touchées par les inondations. Encore aujourd’hui, Frères et collaborateurs contribuent à en atténuer les conséquences, grâce à l’hospitalité et à l’attention portée plus particulièrement aux personnes fragilisées par la situation d’urgence.

Le Centre San Juan de Dios de Valence, spécialisé dans l’assistance aux personnes sans-abri et dans la lutte contre l’exclusion sociale, est en première ligne de cette action de soutien. Dès les premiers jours de la tragédie, une série d’actions ont été mises en place pour répondre aux besoins essentiels : distribution de nourriture, de vêtements, de produits d’hygiène et de protections. Les collaborateurs du centre se rendent, à pied ou à vélo, dans les différents villages touchés pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables, en achetant et distribuant ce dont elles ont besoin.

Dans un premier temps, en coordination avec la mairie de Valence et la Generalitat Valenciana, des biens de première nécessité et d’urgence ont été fournis, ainsi que des hébergements pour les personnes en difficulté. De plus, nous accompagnons nos collaborateurs et leurs familles touchées par les inondations, en leur offrant également un soutien émotionnel et psychologique.

L’Ordre continue à aider les personnes les plus touchées, tout en poursuivant sa mission auprès des sans-abri dans son centre de Valence.

Ce samedi 16 novembre, l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu fête la solennité du Patronage de la Bienheureuse Vierge Marie. À cette occasion, Frère Pascal Ahodegnon, supérieur général nouvellement élu, envoie un message à l’ensemble des membres de la Famille hospitalière.

Le 70e Chapitre général de l’Ordre, qui s’est tenu à Częstochowa (Pologne) du 15 octobre au 7 novembre, s’est achevé il y a quelques jours. Au sanctuaire de Jasna Góra, aux pieds de la Vierge Noire, nous avons vécu une expérience inoubliable d’hospitalité, de fraternité et de synodalité. Nous avons tous vécu l’expérience du Chapitre sous le manteau de notre Mère et nous avons jeté les bases d’une nouvelle phase de l’Ordre, qui commence tout juste et durant laquelle nous sommes appelés à répondre aux nombreux défis d’un monde en perpétuel changement.

Le Chapitre général a réaffirmé que le futur de notre Famille de Saint Jean de Dieu est rempli d’espérance, fondée surtout sur deux piliers. Le premier est le don de l’hospitalité, que le Seigneur continue à dispenser à de nombreux hommes et femmes à travers le monde. À certains comme religieux, à beaucoup d’autres comme laïcs. Cette nouvelle nous comble tous de joie et constitue en même temps un appel à organiser et à développer notre institution sur la base de cette large vision de la vocation à l’hospitalité, en encourageant la participation et la synodalité en tout.

Le second pilier que le Chapitre a désiré réaffirmer est l’appel du Seigneur à continuer d’étendre et d’élargir la mission d’hospitalité. Nous sommes surtout invités à continuer à répondre aux nouveaux besoins émergents, avec le coeur débordant de la compassion et de la miséricorde du Seigneur et de notre Fondateur, saint Jean de Dieu. Le moment n’est pas au retrait, « c’est un temps pour élargir la tente et l’espace du service d’hospitalité ».

L’Esprit du Seigneur nous a accordé d’autres fruits très intéressants durant le Chapitre, en relation avec la vie des Frères et de la Famille hospitalière en général. Peu à peu nous aurons l’occasion de les transmettre à tous et, surtout, il sera important de les accueillir avec joie, avec audace et avec une grande volonté de les développer et de les mettre en pratique, comme l’a fait la communauté d’Antioche quand elle a reçu de Paul et de ses compagnons la nouvelle du résultat du concile de Jérusalem (cf. Actes des Apôtres, 15, 30-31).

Tout a été vécu et « engendré » aux pieds de la Vierge Noire. Je désire offrir tout cela à notre Patronne, la Bienheureuse Vierge Marie, afin qu’ayant accompagné et guidé saint Jean de Dieu durant toute sa vie (Fuenterrabia, Guadalupe, Grenade…), elle continue à le faire avec la Famille hospitalière, avec moi et avec toutes les personnes qui formeront l’équipe du gouvernement général. Nous plaçons tout sous sa protection, pour que les bons fruits du Chapitre général se multiplient pour le bien de l’humanité souffrante, de l’Église et de l’Ordre.

Nous confions tous les malades et toutes les personnes assistées dans les centres de l’Ordre, ainsi que leurs familles, au patronage de la Bienheureuse Vierge Marie, pour qu’elle les protège, les console et les couvre de son manteau maternel.

Qu’elle nous accompagne durant les six années qui débutent et qu’elle bénisse toujours notre Ordre bien-aimé et nous tous qui formons la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu.

Fr Pascal Ahodegnon, oh
Supérieur général

Un nouveau tournant pour mieux répondre aux enjeux d’un monde en mutation

Le 70e Chapitre général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu s’est achevé ce 7 novembre 2024, marquant un tournant majeur pour l’avenir de l’Ordre et la consolidation de sa mission. Depuis le 15 octobre, les 67 frères capitulants et les 19 collaborateurs réunis à Czestochowa ont réfléchi et prié ensemble, définissant de nouvelles orientations pour les six prochaines années.

Dans son discours de clôture, Frère Pascal Ahodegnon, nouveau supérieur général, a rappelé « quelques points enrichis par les orientations approuvées par le Chapitre, qui guideront nos pas et orienteront notre mission pour les six prochaines années » :

  • Raviver la flamme de notre vocation et de notre consécration
  • Transmettre et partager une culture commune de l’hospitalité
  • Cultiver l’audace et la créativité pour relever les défis émergents
  • Discerner avec sérénité sur nos structures

« Nous sommes à un tournant de notre chemin commun, un moment exigeant, mais porteur de grandes promesses pour les années à venir. Face aux défis qui nous attendent, notre engagement doit être profond et audacieux. »

Un chapitre sous le signe de la fraternité et du discernement

Durant ces quatre semaines intenses, les capitulants ont vécu une expérience profonde d’hospitalité, de fraternité et de synodalité, dans un esprit de prière et de discernement spirituel. Les travaux ont permis de dresser un bilan et de définir des recommandations couvrant des thèmes cruciaux tels que la gouvernance, la transmission du charisme d’hospitalité, la formation des frères et collaborateurs, ou encore l’accompagnement des frères âgés​​.

Le 1er novembre, Frère Pascal Ahodegnon, originaire du Bénin, a été élu supérieur général. A sa suite, cinq conseillers généraux de différents continents ont également été élus. Ces élections reflètent l’universalité et la diversité de l’Ordre, présent dans 54 pays sur les 5 continents.

Des prières pour un monde en souffrance

Ce Chapitre, accueilli en Pologne pour la première fois, témoigne de la solidarité de l’Ordre envers ses communautés engagées en Ukraine et en Terre Sainte, apportant ainsi un soutien spirituel et pratique aux populations éprouvées​​. L’occasion de porter dans leurs prières les victimes de toutes les tragédies où l’Ordre est particulièrement engagé à travers le monde, en particulier en Espagne, en Ukraine, en Terre Sainte, et dans plusieurs pays d’Afrique où l’Ordre est présent​. Ces moments de prière ont illustré la dimension universelle de la mission de l’Ordre : accompagner et prendre soin des plus vulnérables.

Regards vers l’avenir

Les recommandations adoptées au cours de ce Chapitre et qui seront publiées plus tard, guideront l’Ordre dans sa mission d’Hospitalité, en renforçant les efforts notamment dans les domaines de la transmission du charisme, de la formation continue et de la gouvernance participative. La clôture du Chapitre a été marquée par une messe solennelle, invitant à l’unité et à la prière pour ceux qui se dévouent au service des malades et des nécessiteux​​.

Le mardi 5 novembre, lors de leur messe quotidienne, les participants au 70e Chapitre général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu ont prié tout particulièrement pour les victimes des catastrophes naturelles et des conflits à travers le monde, notamment dans les lieux où la Famille hospitalière est présente.

En priant pour tous les défunts de l’Ordre et de la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu, les capitulants ont confié tout spécialement à la miséricorde du Seigneur et de Saint Jean de Dieu les victimes des tragédies qui se déroulent actuellement dans le monde, notamment en Espagne, en Ukraine, en Terre Sainte, à Batibo (Cameroun), à Porga (Bénin) et à Nampula (Mozambique), où l’Ordre hospitalier est présent ou intervient auprès des victimes. Ils ont prié pour toutes les personnes qui ont perdu la vie et pour celles qui souffrent de la perte d’un proche.

Les travaux du Chapitre général se poursuivent jusqu’au 6 novembre, la clôture de l’assemblée étant prévue le 7 novembre avec la messe de clôture.

Après l’élection de leur supérieur général le 1er novembre dernier, les 67 capitulants du Chapitre général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu ont élu cinq conseillers généraux, ce 4 novembre 2024. Ils sont appelés « à collaborer avec le supérieur général dans le gouvernement de l’Ordre et expriment ainsi la fraternité de tout notre institut » (article 88 des Constitutions).

Les cinq conseillers généraux sont :

  • 1er conseiller, Fr Joaquim ERRA MAS
  • 2ème conseiller, Fr. Saji MULLANKUZHY, provincial de l’Autriche
  • 3ème conseiller, Fr. Etienne SENE, actuel directeur de l’hôpital de Dalal Xel (Sénégal)
  • 4ème conseiller, Fr David LYNCH, provincial du Bon Pasteur (Amérique du Nord)
  • 5ème conseiller, Fr John JUNG, Provincial de la Corée.

Un Chapitre général, selon les Constitutions de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, peut élire « au moins quatre conseillers généraux. » Les Statuts généraux stipulent qu’il revient au supérieur général nouvellement élu de soumettre « à l’approbation du Chapitre général le nombre et les noms des conseillers généraux à élire » (n°125).

Le 70e Chapitre général de l’Ordre hospitalier doit se terminer ce jeudi 7 novembre par une messe de clôture, après la validation des lignes d’orientations qui détermineront l’avenir de l’Ordre pour ces 6 prochaines années.

La troisième semaine du Chapitre général des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu, tenu à Częstochowa, en Pologne, a marqué un tournant important du Chapitre. Outre les échanges consacrés à la vie des frères et des provinces, autour de thématiques telles que la gouvernance ou la vie religieuse, le point culminant a été l’élection du nouveau supérieur général, Frère Pascal Ahodegnon, désigné pour guider l’Ordre dans les années à venir.

Un travail de réflexion autour des priorités de l’Ordre

Dès le début de la semaine, les Frères ont poursuivi leurs travaux autour des orientations pour l’avenir. Ils se sont concentrés sur des thèmes stratégiques tels que la gouvernance de l’Ordre, la formation, la vocation spécifique des frères, ainsi que l’accompagnement des frères âgés. Ces discussions ont permis de finaliser une série de recommandations, fruit de trois semaines de délibérations et d’ajustements. Elles seront votées dans le courant de la semaine à venir.

Une élection sous le signe du discernement

Le jeudi 31 octobre, le Chapitre est entré dans une phase de discernement pour l’élection du supérieur général et de ses conseillers. Ce processus a été guidé par Frère Donatus Forkan, élu président de la session. Dans une ambiance de recueillement, les frères ont bénéficié de l’accompagnement spirituel de Sœur Renata, religieuse polonaise du Sacré-Cœur de Jésus, qui les a aidés à mener un discernement personnel et collectif sur le choix de leur futur responsable.

Le 1er novembre, jour de l’élection, chaque frère a déposé son bulletin, main posée sur l’Évangile, symbolisant son engagement à élire un supérieur fidèle à l’enseignement de l’Eglise et aux valeurs de Saint Jean de Dieu. Frère Pascal Ahodegnon, premier supérieur général non européen dans l’histoire de l’Ordre, a été élu. Acceptant cette responsabilité, il a reçu la confirmation officielle de sa nomination et s’est ensuite joint aux capitulants pour une prière d’action de grâce​.

« Je voudrais vous remercier chacun de m’avoir donné cette opportunité d’être votre serviteur. Je suis sûr qu’avec votre aide et celle de Dieu, nous travaillerons ensemble à diffuser l’Hospitalité dans le monde entier » Frère Pascal Ahodegnon.

Vivre sa consécration avec radicalité

Le 2 novembre, jour de la commémoration des défunts, les capitulants ont célébré une messe d’action de grâce au sanctuaire de Czestochowa, présidée par Mgr Antonio Guido Filipazzi, nonce apostolique en Pologne. « Aux yeux du monde ça pourrait paraître étrange de célébrer l’élection du nouveau supérieur général le jour des morts, a souligné Mgr Filipazzi dans son homélie. C’est au contraire l’occasion de se souvenir de tous ceux qui vous ont précédés et de leur demander de prier pour vous. Maintenir vive cette perspective de la mort, qui fait partie de la vie, doit vous aider à vivre votre consécration à Dieu avec une grande radicalité et à faire les choix justes. Que Marie, célébrée en ce sanctuaire, vous aide à mettre en pratique vos décisions, soutenus par tous ceux qui vous précèdent. »

Une dernière semaine pour valider les orientations

La dernière semaine qui vient sera l’occasion d’élire les six conseillers généraux, ce 4 novembre. Les jours suivants seront consacrés à finaliser les orientations qui guideront l’Ordre dans sa mission pour les six années à venir. Une messe clôturera le 70e Chapitre général, le 7 novembre.

Frère Pascal Ahodegnon a été élu supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, le vendredi 1er novembre 2024, lors du 70e Chapitre Général qui se tient à Czestochowa, en Pologne. Originaire du Bénin, Frère Pascal, âgé de 53 ans, occupait le poste de conseiller général depuis 2012 jusqu’à ce jour.

Frère Pascal est né le 10 avril 1971 à Savé, au Bénin. Il est entré dans l’Ordre en 1994, a prononcé ses vœux temporaires le 15 août 1997 et ses vœux solennels le 25 mai 2003. Il est diplômé en médecine et en chirurgie, à Milan, Italie. Il a été élu conseiller général en 2012 et réélu en 2019, en charge de la région Afrique.

Soixante-sept Frères participent au Chapitre général, qui a débuté le 15 octobre, aux côtés de dix-neuf collaborateurs qui les ont rejoints pour les deux premières semaines. Cette assemblée a permis de définir les grandes orientations et recommandations pour la vie de l’Ordre hospitalier pour les six prochaines années.

Un ordre au service des plus fragiles sur les cinq continents

L’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu comprend 161 communautés et 410 structures sanitaires, sociales et médico-sociales réparties dans 54 pays, au service des malades et des plus vulnérables. Il se compose de 965 membres religieux et de 65 000 collaborateurs, formant ensemble la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu.

Lors de la dernière semaine du chapitre, qui doit se conclure le 7 novembre, le nouveau supérieur général constituera son conseil (composé de six frères), avant l’adoption finale des orientations et recommandations qui façonneront l’avenir de l’Ordre.

L’Ordre est exprime sa solidarité envers les frères engagés en Ukraine et en Israël

Cette année, la Pologne est le sixième pays à accueillir un Chapitre général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, après l’Italie, la Colombie, l’Espagne, le Mexique et le Portugal. En organisant ce chapitre en Pologne, l’Ordre souhaite exprimer sa solidarité envers la Province polonaise, qui, avec ses communautés en Ukraine et en Israël, est fortement engagée dans l’aide humanitaire envers les personnes affectées dans ces régions actuellement en grande difficulté.

Voilà déjà plus de 6 mois que Malo d’Eau se laisse bercer sur les eaux du fleuve Gambie, bien amarré à sa bouée, sous l’œil attentif de nos amis locaux, attendant sagement le retour de ses messagers…

Quelles bonnes nouvelles de France vont-ils revenir lui conter ?

C’est d’abord à la réfection de la caisse de bord que nous nous sommes attelés ; et en Bretagne, lorsque l’on travaille au rythme des saisons, les beaux jours sont comptés, il ne s’agit pas de chômer. Flore a relancé l’activité de location de bateaux sur la Rance, tandis que Valentin, pour ne pas risquer de perdre le pied marin, a embarqué pendant plusieurs mois comme lieutenant sur un vieux grément.

Puis c’est au centre médico-social du Croisic que nous avons fait escale au début du mois de septembre 2024 pour venir témoigner à la première édition du forum de l’hospitalité, une belle rencontre orchestrée par l’équipe de l’Ordre de Saint-Jean de Dieu et les frères. Nous y sommes joyeusement accueillis par Sylvie qui a garé son fauteuil pour nous juste devant l’entrée en attendant notre arrivée. A quelques pas de la mer, les places sont chères.

Les portes du centre s’ouvrent et les masques tombent : celui du handicap d’abord. Bien au-delà de la souffrance et des apparences, ce sont des personnes que nous rencontrons et auxquelles nous tentons d’associer un prénom, un trait de personnalité. Un sourire, un regard, une poignée de main serrée, une vanne lancée à la volée, tous les moyens sont bons pour sceller une amitié qui nous liera pendant ces deux journées. Couloir après couloir, ils nous font visiter leur maison. Ici, les résidents sont libres de circuler et on se salue à chaque coin de rue.  Marie, archiviste de l’Ordre de Saint-Jean de Dieu, nous en dit un peu plus sur cet aventurier de l’hospitalité qui a tout quitté pour redonner un peu de dignité aux plus fragilisés. Quelques centaines d’année après lui, le décor et les fauteuils se sont modernisés, mais le carburant qui continue de faire avancer cette grande famille de l’hospitalité reste le même : celui de la bienveillance. Nous vibrons à l’unissons avec eux, résidents, soignants, dirigeants, frères et bénévoles, heureux de partager un repas, puis un goûter, quelques photos de notre traversée vers le Sénégal, une partie de Boccia endiablée et un atelier de jeux de société. Nous sommes bousculés par cette joie débordante et attendris par cette chaleur humaine qui émane au cœur même d’une vie en collectivité pas toujours facile à gérer. Nous repartons les bras chargés de notre cœur de l’Hospitalité en LEGO… une passion transmise aux résidents par Marie-Françoise, leur bénévole en chef et maman dévouée qui semble connaitre les moindres recoins de leurs quotidiens.

De port en port, ce sont des visages que nous imprimons, des souffrances que nous devinons et des grands moments de joie que nous partageons. Avant de rejoindre Malo d’Eau en Gambie le 13 novembre, nous sommes attendus au Centre Hospitalier Dinan – Saint-Brieuc auprès des sœurs, des soignants et des résidents du service Emmanuel pour partager avec eux un gouter et leur remettre les bracelets confectionnés en janvier dernier par les patients du centre Dalal Xel de Thiès, au Sénégal. Des liens forts qui se tissent au-delà des océans.

À la veille de l’élection de son successeur, Frère Jesús Etayo, supérieur général sortant de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, dresse un bilan de ses 12 années de mandat. Dans cet entretien, il partage les défis, les moments de joie et les leçons tirées de son parcours à la tête de l’Ordre, tout en transmettant un message d’espérance aux membres de la Famille hospitalière.

Comment décririez-vous ces 12 années en tant que supérieur général de l’Ordre ?

Douze ans, c’est long ! Je dirais que cela a été une période très riche pour moi, personnellement. J’ai eu la chance de vivre intensément la vie de l’Ordre et l’esprit d’hospitalité. C’est donc une période extrêmement enrichissante, et c’est ce dont je me souviendrai. C’était bien sûr un honneur, surtout pour la confiance que Dieu et les frères m’ont accordée afin de remplir ce service. Cela a représenté une grande responsabilité, mais, comme je le dis, je suis heureux. En résumé, ce furent 12 années d’une grande richesse.

Quels ont été, pour vous personnellement et pour l’Ordre, les moments les plus marquants de ces deux mandats ?

Il y a eu des moments très beaux et aussi des moments difficiles. Je me rappelle, par exemple, l’épreuve de la crise Ebola, qui a touché nos frères et collaborateurs en Afrique. C’était un moment très éprouvant. Plus récemment, la pandémie a également été un défi considérable. Non seulement elle a bouleversé la vie de tous, nous obligeant à rester chez nous, mais elle a aussi causé la perte de frères, de collaborateurs et d’autres éléments qui ont marqué cette période.

Un autre moment particulièrement difficile a été la perte de l’hôpital de l’île du Tibre, à Rome, qui appartenait à l’Ordre depuis plus de 400 ans. À l’inverse, des moments de joie ont également jalonné ces années, tels que la réception du prix Princesse des Asturies, qui, au-delà de la reconnaissance elle-même, a mis en lumière le dévouement de nombreux frères et collaborateurs. Aller dans des lieux reculés et observer la simplicité et la dévotion de nos frères et collaborateurs est également un souvenir marquant : c’est là que l’on voit que saint Jean de Dieu est présent.

Enfin, je n’ai pas mentionné la récupération de l’hôpital de Grenade, qui était un projet initié par notre fondateur lui-même mais qu’il n’avait pas vu aboutir. Grâce à la province espagnole, nous avons pu le récupérer et entreprendre des travaux pour le restaurer. C’est une vraie perle pour l’Ordre.

Y a-t-il des domaines dans lesquels vous auriez aimé faire davantage, ou des priorités pour l’avenir ?

On peut toujours faire plus, et il y aura toujours des regrets. Je n’ai pas abordé cette période comme une mission personnelle, mais comme celle de l’Ordre dans son ensemble. Je ne suis qu’un maillon de la chaîne, même si le supérieur général est en première ligne et assume une grande responsabilité. J’aurais souhaité progresser davantage sur certains aspects, mais je comprends que chaque province a son propre rythme et ses réalités. Nous sommes une institution avec une tradition d’autonomie des provinces, ce qui complique parfois les progrès. J’aurais notamment voulu que la question des unions ou fusions entre provinces avance davantage, mais je reste satisfait de ce qui a été accompli.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux membres de la Famille hospitalière ?

Mon message est que nous devons être courageux. Ce Chapitre, je l’espère, inscrira cela dans son document final. Deux points me semblent essentiels. Premièrement, continuer à avancer dans l’hospitalité, car le Seigneur nous y appelle encore. Lors d’une journée de prière pendant ce Chapitre, la scène de Moïse m’est revenue : « J’ai ressenti la douleur de mon peuple et je t’envoie ». Le Seigneur continue de souffrir face à tant de souffrances, de guerres et de maladies dans le monde. Il nous envoie pour vivre et pratiquer l’hospitalité et la compassion.

Deuxièmement, je veux insister sur l’importance de nos collaborateurs, frères et laïcs, qui participent à cette mission. Que ce soit par leur professionnalisme ou par vocation, ils rendent possible la continuité et l’expansion des services d’hospitalité. Nous avons une mission magnifique, et j’espère que nous serons encore plus nombreux à l’avenir pour offrir au monde une alternative d’hospitalité, une expression d’amour et de service pour accueillir ceux qui en ont besoin, les migrants rejetés, les personnes séparées par la violence. C’est le message que je veux laisser : nous avons une grande et belle mission. Ensemble, continuons d’avancer et soyons heureux de notre tâche.

J’espère que l’Ordre continuera d’accomplir sa mission avec humilité et fierté, car c’est le Seigneur qui nous donne la vocation et nous envoie chaque jour faire le bien autour de nous.

 

Retrouvez l’entretien vidéo en espagnol ⤵️

Entretien croisé avec Frère Louis Kuyokwa et Frère Donatus Forkan, le plus jeune et le plus âgé des capitulants. Chacun avec sa perspective, ils nous rappellent l’importance d’un engagement authentique et d’un lien fort entre générations pour répondre aux défis du monde actuel.

En quoi ce Chapitre a-t-il enrichi votre vision des réalités de l’Ordre ?

Frère Louis : Ce Chapitre est une expérience riche, notamment grâce aux échanges avec les collaborateurs laïcs qui nous ont rejoints les deux premières semaines. Ensemble, nous avons réfléchi à la transmission de notre charisme dans un monde en pleine mutation. Nos discussions ont été très ouvertes et devraient déboucher sur des résolutions concrètes pour l’avenir de l’Ordre. En tant que jeune frère, je ressens fortement l’importance de cette transmission, autant avec les collaborateurs qu’avec les frères âgés qui nous partagent leurs expériences et leur sagesse.

Frère Donatus : Ce Chapitre est, pour moi, différent des précédents, notamment dans sa façon d’intégrer les collaborateurs. Dans le passé, leur présence était plus symbolique. Cette fois-ci ils ont participé pleinement aux discussions, avec la même voix que les frères. Cette évolution reflète bien notre mission commune, car ce sont de plus en plus souvent les laïcs qui assurent le travail quotidien auprès des malades et des marginalisés. Il y avait une vraie liberté d’expression, essentielle pour réfléchir à notre mission d’hospitalité dans un monde de plus en plus divisé et en souffrance.

Parmi les thèmes majeurs abordés, celui de la gouvernance. Comment aborder un tel thème avec des réalités aussi différentes d’une province à l’autre ?

Frère Louis : Le thème de la gouvernance nous pousse à repenser notre manière de transmettre le charisme et de gérer nos œuvres. Cela a été une bonne expérience de découvrir les réalités européennes, très différentes des nôtres, en Afrique ou en Inde par exemple. Cette dynamique nous pousse à être plus proches les uns des autres. Apprendre des expériences et des défis de chacun est essentiel.

Frère Donatus : La gouvernance a énormément évolué au sein de l’Ordre. Autrefois, notre mode de vie était plutôt monastique, centré sur la communauté. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la continuité de notre charisme, peu importe qui administre. Nous devons préserver l’éthique et la mission de saint Jean de Dieu en trouvant de nouvelles formes de gouvernance qui permette à chacun, frères et collaborateurs, de pérenniser la mission d’hospitalité. Le renouveau initié par le Concile Vatican II nous a enseigné à toujours revenir aux fondamentaux comme les Écritures ou le charisme de nos fondateurs. C’est ce que nous devons faire, au regard des signes des temps, pour rester crédibles.

Quelle est votre vision du rôle du Frère hospitalier, dans un monde en mutation ?

Frère Louis : La différence entre notre vocation de frères et un professionnel est fondamentale. Être frère, ce n’est pas seulement travailler dans un hôpital ou un centre social ; c’est une manière d’être, un témoignage qui doit inspirer les autres. Notre rôle est de transmettre et d’incarner notre charisme d’hospitalité, de façon à ce que nos collaborateurs puissent aussi s’en imprégner.

Frère Donatus : Le rôle du frère a évolué. Aujourd’hui, il est davantage un mentor et un guide, un témoin des valeurs de saint Jean de Dieu. Ce n’est pas tant un rôle de contrôle qu’un rôle d’accompagnement. Nous devons transmettre notre histoire, notre héritage et être une présence prophétique, même dans un environnement difficile. L’hospitalité peut créer des liens là où les différences semblent insurmontables ; elle rend possible ce qui paraissait impossible. Je l’ai vu notamment dans notre hôpital de Nazareth où collaborateurs et patients de toutes religions font un travail extraordinaire avec les frères.

Comment rester fidèle à ce rôle dans un monde où la tentation est davantage tournée vers les « mondanités spirituelles », souvent critiquées par le pape François ?

Frère Louis : En tant que frères, nous sommes privilégiés de vivre quotidiennement au contact des plus vulnérables. Cela nous pousse à voir le Christ à travers eux et à faire de notre vie une prière permanente. La mondanité spirituelle, qu’elle soit due à l’argent, aux biens matériels ou à l’orgueil, est une tentation qui nous guette tous, mais, en plus de rester fidèles à la prière, nous devons nous soutenir mutuellement pour y résister et demeurer fidèles au charisme d’hospitalité.

Frère Donatus : Il nous faut être en permanent renouvellement dans notre vocation, comme nous y a invité le Concile Vatican II. Avant, nous vivions uniquement au travers de règles. Aujourd’hui nous avons un autre mode de fonctionnement qui nous ouvre à plein d’autres possibilités, à condition de nous recentrer sur les Ecritures et l’exemple qui nous a été légué par saint Jean de Dieu. Il suffit de revenir à l’histoire extraordinaire de cet homme, sans-abri marginalisé, rejeté par la société, qui a réalisé une œuvre incroyable en seulement 12 ans, après sa conversion. Il a juste fait ce à quoi Dieu l’appelait.
En ces temps où les valeurs de l’Évangile sont souvent en contradiction avec celles du monde, il est crucial de témoigner d’une foi authentique et de rappeler que notre mission est d’abord de servir ceux qui sont en marge.