Madagascar : inauguration d’un refuge pour mères et enfants en détresse

L’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu a inauguré, ce samedi 22 novembre à Antananarivo, le centre maternel et infantile Refuge bienheureuse Victoire Rasoamanarivo. Une maison destinée aux femmes seules et à leurs enfants en grande précarité, bénie par le nonce apostolique à Madagascar, en présence d’autorités civiles et religieuses venues saluer cette nouvelle œuvre d’hospitalité au service des plus fragiles.

Une inauguration marquée par une forte mobilisation

Dans le quartier de Marohoho, une foule nombreuse s’est rassemblée en ce samedi matin devant le Centre maternel et infantile, sous un temps clément malgré la saison des pluies. Construit en face du dispensaire des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu fondé il y a vingt ans dans un quartier pauvre de la capitale, cette nouvelle œuvre incarne le rôle de l’Eglise auprès des plus vulnérables, dans un pays marqué des difficultés sociales et politiques.

La cérémonie s’est déroulée en présence du nonce apostolique à Madagascar, Mgr Tomasz Grysa, du supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, du supérieur provincial de France et de l’Océan Indien, ainsi que de nombreux prêtres du diocèses et de sœurs de congrégations amies et partenaires de l’Ordre hospitalier dans l’Océan indien.

La maire d’Antananarivo, Harilala Ramanantsoa, a tenu à être présente et a exprimé sa joie de voir un établissement d’une telle importance ouvrir dans la capitale malgache. Le secrétaire général du ministère de la Population, représentant la ministre, a pour sa part encouragé l’Ordre hospitalier à poursuivre le développement de ses œuvres, l’assurant de son soutien.

« Vous n’êtes plus seules » : un refuge né d’une rencontre bouleversante

À l’origine du centre, l’intuition de Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial de France et de l’Océan indien :

« Je revois cette mère épuisée posant ses deux bébés sur le sol froid d’un tunnel d’Antananarivo pour mendier quelques grains de riz ou quelques ariary. Son regard m’a bouleversé. »

Face à cette scène, il dit avoir entendu l’appel de saint Jean de Dieu :

« Faites-vous du bien, mes frères, en faisant le bien ! »

De ce choc est né un projet simple et radical : créer un lieu où des femmes victimes de violence, d’abandon ou d’extrême pauvreté puissent retrouver sécurité, accompagnement et dignité.

Une mission séculaire au cœur des fragilités d’aujourd’hui

Dans son discours, le supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, Frère Pascal Ahodegnon, a replacé l’inauguration dans la continuité d’une longue histoire :

« Depuis plus de cinq siècles, l’Ordre hospitalier marche aux côtés des pauvres, des malades, des oubliés de l’histoire. »

Il a décrit le nouveau centre comme une œuvre inspirée de l’Évangile :

« Ce Refuge n’est pas simplement une réalisation humaine. Il est une parabole vivante, écrite avec des vies transformées. »

Ouvrir un chemin d’espérance

Dans son homélie, le nonce apostolique a remercié les Frères hospitaliers pour cette nouvelle œuvre de charité :

« Elle témoigne de votre engagement pour la dignité, la solidarité et l’espérance pour les mères et leurs enfants. »

Pour lui, l’ouverture de ce refuge est un signe concret que l’Église choisit de se tenir là où les blessures humaines sont les plus lourdes, afin d’ouvrir un chemin d’espérance. S’adressant plus spécifiquement aux femmes, il a conclu en leur adressant cet appel :

« Chères femmes, sentez-vous pleinement reconnues dans votre dignité et dans vos responsabilités de chrétiennes ! N’hésitez pas à apporter votre contribution spécifique à l’évangélisation. Votre aptitude à l’accueil de la Parole de Dieu et à la transmission de la foi, la qualité de votre sens moral, votre sensibilité particulière pour la dignité de l’être humain sont des biens irremplaçables pour l’Eglise. »

La bienheureuse Victoire Rasoamanarivo, patronne d’un lieu de relèvement

Le centre porte le nom de Victoire Rasoamanarivo, première bienheureuse malgache, dont la foi, la fidélité et la charité ont marqué l’histoire du pays.

Le supérieur général de l’Ordre hospitalier a invoqué sa figure comme une présence maternelle pour toutes celles qui viendront ici et comme l’incarnation même de l’œuvre de l’Eglise auprès des plus fragiles :

« Qu’elle veille sur cette maison ; qu’elle en garde l’audace, la bonté et l’humanité. (…) Dans un monde traversé par des tensions sociales, politiques et économiques, l’Église ne renonce pas. Elle reste une présence de paix, de consolation et d’humanité. »

Un centre pour accueillir, protéger, reconstruire

Le Refuge bienheureuse Victoire a été conçu comme un lieu de vie et de renaissance. Il proposera notamment :

  • un accueil d’urgence pour les femmes en détresse ;

  • un accompagnement social, psychologique et juridique ;

  • une prise en charge maternelle et infantile ;

  • des programmes de formation, réinsertion et autonomisation.

A Antananarivo, plus de 5000 personnes vivent dans la rue, dont de nombreuses femmes et enfants. Face à l’absence de structures adaptées, ce nouveau Centre maternel et infantile – qui accueillera ses premiers bénéficiaires le 8 mars 2026, jour de la fête de saint Jean de Dieu et journée internationale des femmes – veut apporter une réponse humaine et durable à cette urgence sociale. Le centre accueillera à terme jusqu’à 30 personnes pour des séjours de 6 à 12 mois, selon les besoins.

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Qui était la bienheureuse Victoire Rasoamanarivo ?

Victoire Rasoamanarivo (1848–1894) est la première Malgache reconnue bienheureuse par l’Église catholique. Figure emblématique de foi, de courage et de fidélité, cette laïque a traversé une période marquée par de fortes tensions sociales et politiques à Madagascar. Son témoignage a laissé une empreinte profonde dans la vie spirituelle du pays.

Femme d’une grande douceur et d’une détermination remarquable, elle s’est engagée auprès des plus pauvres et des malades, visitant et soutenant les plus vulnérables à une époque où beaucoup étaient abandonnés. Son calme, sa prudence et sa charité en ont fait un repère moral au sein de la société malgache.

Durant les conflits politiques de la fin du XIXe siècle, Victoire Rasoamanarivo s’est notamment illustrée par son rôle de médiatrice et de protectrice. Elle est devenue un signe d’espérance, de paix et de résilience pour son peuple.

Sa béatification par saint Jean-Paul II a confirmé la portée universelle de sa vie : une femme capable de tenir debout dans l’épreuve, d’aimer sans condition et de porter les plus fragiles avec une constance exceptionnelle. Aujourd’hui encore, elle demeure une figure inspirante pour Madagascar et tout particulièrement pour le nouveau Centre maternel et infantile qui a été mis sous son patronage.