Mihaël, en chemin vers la vocation hospitalière
Mihaël, jeune croate de 23 ans, achève ses 2 années de noviciat à Brescia, en Italie. Destiné à devenir Frère de Saint Jean de Dieu pour la province de France, il prononcera ses premiers vœux temporaires en novembre prochain, avant de revenir en France pour son scolasticat, dernière étape de formation avec les vœux définitifs. Rencontre.
Quel est votre parcours ?
Après le lycée et un bref passage à l’université, j’ai découvert la vocation de frère hospitalier qui m’a profondément enthousiasmé ! J’ai d’abord passé 6 mois à Marseille, au Centre Forbin de la Fondation Saint Jean de Dieu, puis 6 mois au Centre du Croisic. Je suis maintenant depuis deux ans au noviciat européen à Brescia.
En quoi consiste cette première étape de formation ?
Le noviciat est la maison de formation des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu. A Brescia, la particularité est que ce noviciat accueille, depuis cinq ans, les jeunes de toutes les provinces d’Europe qui se posent la question de la vocation hospitalière. Chaque novice vient de son propre pays avec son caractère, ses habitudes et sa culture, et la formation consiste à nous apprendre à vivre ensemble, en vue de notre mission finale qui est le service des plus petits. C’est pourquoi cette première étape de formation met l’accent sur l’apprentissage de la vie communautaire et sur l’apostolat, par un temps de service au sein d’un hôpital psychiatrique ou dans un centre pour sans-abris tenus par les frères. Nous voyageons aussi pas mal pour découvrir d’autres centres de l’Ordre et acquérir de nouvelles expériences ! Au noviciat, nous apprenons en théorie comme en pratique les vœux religieux des Frères de Saint Jean de Dieu : chasteté, obéissance, pauvreté et hospitalité.
Après ces 2 années de formation, comment avez-vous perçu ce temps avec d’autres novices européens ?
Vivre en fraternité, c’est beau sur le papier, mais ce n’est pas évident dans la réalité ! C’est un apprentissage du quotidien qui m’aide à mieux me connaître moi-même et à remettre en question mes façons de faire. Parfois, il nous arrive de faire le bien ou le mal sans même nous en rendre compte, cela fait partie de nos habitudes, de notre disposition naturelle… Les autres peuvent donc nous aider à discerner cela, et bien qu’ils ne soient pas un critère de jugement pour moi, ils m’aident à corriger une image déformée que j’ai peut-être de moi-même. Et puis, l’environnement international apporte ses avantages et ses défis supplémentaires. Ne pas connaître la langue des autres peut nous limiter sous certains aspects, et le décalage culturel peut causer des frustrations, surtout au début, mais tout cela élargit nos horizons. Les circonstances historiques ont également influencé le développement de différentes approches de la spiritualité dans chaque pays. Depuis les temps apostoliques, l’Église a toujours eu un caractère international, et cela prend encore plus d’importance dans le contexte actuel de grande mondialisation.
Quels sont les axes de formation qui sont développés au noviciat ?
On commence par les valeurs humaines fondamentales, comme le sens de la justice, le travail, la prudence, la modération. Ce n’est que lorsque nous sommes bien ancrés en tant qu’êtres humains, hommes et femmes, que nous pouvons être de bons chrétiens. L’Evangile n’enlève rien à l’humanité, mais il ajoute aux aspects humains les mystères de la foi, pour que nous vivions dans la joie de l’espérance, et pour que nous perfectionnions notre amour pour Dieu et pour notre prochain. Dans notre Ordre, la sensibilité aux personnes vulnérables est très importante.
Quel meilleur souvenir gardez-vous de ce passage au noviciat de Brescia ?
Avant d’entrer au noviciat, j’étais assez scrupuleux, et pas toujours dans le bon sens du terme. Le noviciat m’a aidé à m’assouplir avec un esprit filial et l’envie de faire la volonté de Dieu avant tout. Après tout, Jésus dans l’Évangile a souvent adressé cette mise en garde aux pharisiens. Mon plus beau souvenir sera donc ce doux goût de la liberté des enfants de Dieu.
Quel bilan tirez-vous de ce temps de noviciat ?
En Europe, de moins en moins de jeunes choisissent de s’engager, que ce soit par le mariage, ou la vocation, qu’elle soit sacerdotale ou religieuse. Dans le monde hospitalier, les débats sur les questions de bioéthique se multiplient. Vivre en communauté avec des frères en Christ, d’âges et d’origines différents, qui partagent la même préoccupation pour les plus fragiles à l’exemple de saint Jean de Dieu, m’offre une perspective et me donne l’espoir que le bien finira par triompher !
Dans quel état d’esprit arrivez-vous en France et quelle sera votre mission ?
J’arrive plein d’énergie et prêt à me mettre au service là où la Providence me guidera ! A priori je serai à cheval entre les études et un service simple en milieu hospitalier, comme brancardier par exemple. Mais pour l’instant, je ne m’en soucie pas trop, l’important est d’apporter la joie et l’espoir là où nous sommes semés, même si ce n’est pas toujours facile !