Deux frères de France en mission au Sénégal
« Le Seigneur les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » Ce verset de l’Évangile, lu le dimanche 6 juillet dernier, a pris chair l’après-midi même lorsque deux jeunes Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu ont été envoyés depuis Paris au Sénégal. Un duo inattendu : Frère Romuald (Malgache) et Frère Mihaël (Croate), étudiants à Paris depuis un an, qui ont passé leurs vacances d’été sur le terrain missionnaire et qui reviennent pour nous sur cette expérience marquante.
Bien sûr, il y a eu l’émerveillement du voyage et des paysages grandioses d’Afrique. Mais plus encore, une immersion dans la vie quotidienne et les rencontres. « Au-delà de la découverte du thiéboudiène nourrissant (spécialité sénégalaise) et des mangues fraîches délicieuses, l’essentiel de notre mission s’est vécu dans les échanges et les rencontres avec les gens, les frères, les collaborateurs et tous ceux qui font la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu au Sénégal. »
Le Sénégal porte la marque de la Teranga, ce mot wolof qui désigne l’hospitalité. « Elle se vit jusque dans les gestes simples. Par exemple, lorsqu’on envoie un plat à un voisin, il ne revient jamais vide : on y ajoute toujours un fruit, un peu de sucre, un signe d’amitié. »
L’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu y est présent depuis cinquante ans : certains frères sont infirmiers, médecins anesthésistes, engagés aussi bien au bloc opératoire qu’aux urgences. Mais leur priorité demeure la santé mentale et l’accompagnement des personnes dépendantes. À Thiès, Fatick et Nguékhokh, ils ouvrent chaque jour leurs portes, et chaque samedi, des campagnes de sensibilisation à la maladie psychiatrique sont organisées dans les villages éloignés. « Nous avons vu des médecins, frères et laïcs, partir à l’aube, jeûner de leur repas de midi pour consulter jusqu’au soir parfois plus de 150 malades. Leur dévouement nous a profondément émus, mais nous étions aussi attristés par la grande détresse que nous avons rencontrée. »
En effet, faute de connaissance dans le domaine de la psychiatrie, beaucoup de familles consultent d’abord des charlatans qui proposent, souvent très cher, des méthodes inefficaces, voire violentes. « Le besoin de soins véritables est immense en psychiatrie », constatent les deux frères.
« Les Sénégalais nous ont accueillis avec une générosité qui nous servira d’exemple : une hospitalité que nous espérons transmettre à notre tour. Notre seul regret : que ce séjour, si riche, soit passé trop vite ! »